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bouhamidimohamed

Les USA dans la surréalité russe

7 Août 2017 , Rédigé par bouhamidi mohamed Publié dans #résistances culturelles

Les USA dans la surréalité russe

 

Par Mohamed Bouhamidi - In La Tribune du 08 août 2017

 

Medvedev est perçu et classé comme le chef de l’aile la plus occidentaliste du système politique - Etat et gouvernement- de Russie. Il n’est pas en charge de la politique étrangère de  son pays, domaine réservé au président Poutine, un peu comme c’est le cas dans tous les grands et petits Etats du monde. Pourquoi a-t-il éprouvé le besoin de faire, alors, une déclaration d’une extrême dureté contre les sanctions votées par le Congrès US, dans laquelle il affirme que ces sanctions éliminent touts espoir d’amélioration des relations Russie-USA. Medvedev affirme que ces sanctions sont une déclaration de guerre économique totale contre la Russie et que tous les pouvoirs exécutifs, ceux du Président Trump, en ce qui concerne les relations avec la Russie, sont désormais entre les mains du Congrès. Pour Medvedev, la loi votée met le président Trump hors-jeu dans le dossier russe, lui interdit l’exercice de son propre pouvoir, met en place un cadre structurel pour les décennies à venir et empêche toute intervention des instances ou des tribunaux internationaux pour régler d’éventuels conflits ou tensions commerciales ou autres entre les deux pays. Imaginez que cette loi fait fi des  règles de l’OMC,  dont sont membres ces deux pays et l’idée avancée d’une plainte de la Russie auprès de cette organisation du commerce internationale a été classée, car l’exécutif US ne peut absolument pas transgresser les sanctions sans mettre le Président quasiment hors-la-loi. Notons au passage que cette configuration d’une contradiction, ou d’une lutte de prééminence, entre les lois US et les règles de la vie internationale, allait se poser un jour ou un autre. A notre avis, ces lois internationales n’ont été jusqu’à aujourd’hui que des projections et des adaptations des règles au besoin d’expansion du capitalisme et de son commerce international, d’une part, et, d’autre part, une formalisation du degré de la gestion globalisée. Banque Mondiale comme FMI, au lendemain de la deuxième Guerre mondiale, ne sont que les formes inaugurales de cette globalisation qui a mis en place bien d’autres cadres juridiques et bien d’autres cadres de co-gestion  de nos pays du Sud à travers les accords d’association qui sont devenus, comme le dénonçait les militants opposés au néo-colonialisme, des protectorats soft de nos pays du Sud.  La deuxième partie de la déclaration de Medvedev livre le sens complet de sa déclaration.  Censé être, et il l’est, le représentant du courant d’intégration de la Russie dans la sphère occidentale, dans toutes ses dimensions, il devait défendre les thèses de l’intégration globaliste. C’est même cela que reproche les courants souverainistes russes ou étrangers à Poutine, laisser une place hypertrophiée aux courants libéraux, voire néo-libéraux, dans le système de gestion et de décision monétaire et économique. La plupart des férus de politique internationale se doutent bien qu’une sorte de compromis s’est réalisé en Russie entre ces courants globalistes à la Medvedev et les courants d’une renaissance russe qui ont poussé poutine au sommet du pouvoir.

 

Compromis

 

Tous les observateurs ont l’impression que Poutine respecte ce compromis et ne franchit pas la ligne, par exemple en nommant un nouveau directeur de la Banque de Russie etc. la seule évolution notable est la place plus grande donnée à des partisans d’un développement économique russe indépendant des sphères de décision et d’influence occidentales. Et le globaliste Medvedev de déclarer que le sens indiqué à la Russie par cette loi des sanctions est de continuer,    à «travailler pour le développement des sphères économiques et sociales», de «trouver des substituts aux importations, d’accomplir les tâches de l’Etat, tout cela en comptant sur nous-mêmes». Si vous voyez dans cette partie de la déclaration quelques similitudes ou ressemblances avec ce qu’espèrent beaucoup de peuples de nos pays du Sud qui veulent tirer leurs pays des fourches caudines des «accords d’association» avec l’UE, les USA, ou tout autre forme de co-gestion supranationale déguisée n’hésitez pas à faire le parallèle. Ce que déclare Medvedev est devenu une nécessité, un impératif pour tous. Cela est bien sûr très intéressant que cet avis vienne d’un leader du courant globaliste de la Russie échappée des déchéances, au pluriel, d’Eltsine. Il termine sa déclaration en rappelant que la Russie aura des difficultés dans la plupart des marchés financiers, ce qui indique pour les gouvernements des autres pays, que Medvedev en faisant cette déclaration ne mène ni ne soutient nulle sortie de ses choix antérieurs pour le système capitaliste et son engagement plein et entier dans l’espérance qu’il a eu avec ses amis de trouver un Occident accueillant. Mais il rappelle aussi que la Russie a réussi à faire avec les mêmes sanctions. Pour une fois les analystes convergent dans leur compréhension de cette démarche de Medvedev. Elle signifie premièrement que la loi des sanctions US a peu de chance, voire aucune, qu’elle dresse son courant contre Poutine au motif que la politique internationale de ce dernier «isole» la Russie, accroît ses difficultés ou encore entrave le développement. Les dirigeants russes savent,  pour l’avoir lu sur les médias ou documents américains et entendu de la bouche des officiels US, que les sanctions doivent aboutir à une panne des financements de l’économie russe, des entreprises qui ont choisi les crédits à l’extérieur, à des difficultés dans leurs acquisitions d’équipements vitaux ou encore à créer des problèmes graves de pénuries dans l’approvisionnement des ménages pour stimuler les manifestations de mécontentement populaire, base nécessaire au «régime change». Medvedev signifie que cela ne marchera pas, en ce qui concerne son courant. En même temps qu’il signifie l’inefficacité de ces sanctions puisque la Russie a déjà réussi à y faire face et que son courant fera partie d’un front russe uni dans cette guerre qui lui imposé. Les deux autres aspects du message sont tout aussi importants. D’une part, il signale une sorte de blocage US sur une ligne idéologique de gestion des relations extérieures. Tout sera subordonné à une phobie US, plus aucun dossier, ni problème, ni question ne pourront être examinés en dehors de cette nécessité de nuire d’abord à la Russie. C’est très bien dans un régime fasciste de tout subordonner à la fin suprême, la fin idéologique. Mais toute finalité suprême ou finalité idéologique, est une fin tout court de l’histoire à écrire. Pas pour la Russie puisqu’elle est partie dans la guerre, mais pour les autres, oui. Et les «autres» c’est directement les grands pays européens branchés sur l’économie et le marché russes.  Il faudrait donc que s’arrête pour eux une «histoire russe».

 

Sanctions anti-européennes

 

La guerre à la Russie devient par la magie de la pensée stratégique américaine une guerre à tous ceux qui en Europe ont intérêt à des échanges commerciaux, à des investissements productifs,  etc. Mais comment peut-on en s’alignant sur une fin suprême, supprimer le monde réel ?   Et par la même occasion, se priver de connaître ce monde, étape préalable pou agir sur lui ? Il nous faut bien admettre, que les élites politiques US, Démocrates et Républicains, vivent dans une «surréalité», une perception du monde entièrement fabriquée de fantasmes et de projections de puissance, une surréalité bien semblable, à la surréalité construite par les mouvements religieux. Tout doit être subordonné aussi à une Doxa, une fin suprême dans les théologies  de Daech, des sionistes, des Evangéliques etc. etc. La surréalité, est une dimension qui marche pour les représentations mentales et pour les psychismes en état de pathologie. Elle ne marche pas ni ne peut marcher pour Siemens ou Volkswagen, puisqu’au cœur de cette question on retrouve l’Allemagne. Medvedev signale aux Européens que les sanctions anti-russes ont une indéniable dimension anti-européenne. Beaucoup l’auront compris même sans l’aide de Medvedev, qui le savait et donc le dit à escient. Les dirigeants allemands, Juncker lui-même, viennent de le manifester en indiquant que les intérêts américains ne sont pas automatiquement les intérêts européens.  Même suprême dans son but de libérer l’Europe de la contrainte du gaz russe, la valeur «idéologique» ou la plus-value idéologique du gaz américain n’est pas un argument commercial. Il aurait fallu pour cela que le gaz américain soit issu des lieux saints des grandes religions, et au moins, puisqu’il s’agit de l’Europe, qu’il ait reçu la bénédiction papale prononcée du balcon de la basilique Saint Pierre. Pour l’instant les USA ont pour seuls lieux saints, Wall Street, Hollywood ou Las Vegas, où tout tourne à la roulette du casino avant qu’un jour les dirigeants US ne jouent notre destin à la roulette russe. Nous sommes entrés sans fracas dans les préludes d’une guerre américaine faite au monde entier, c'est-à-dire principalement à l’Europe, au nom d’une guerre anti-russe. Vous vous souvenez des dégâts provoqués par les sanctions anti-iraniennes ? Il faudra multiplier par un million pour avoir une idée de ce que va provoquer cette loi américaine, qui est aussi, en fait, une loi de première destitution de Trump. Pour en finir avec les absurdités de la surréalité, je vous en propose un autre exemple, au moment où le grand Muphti d’Arabie saoudite, s’offre les fantasmes de la guerre à sa propre Russie, l’Iran chiite. Chacun se paye  la Russie qu’il peut. Si vous voyez une coordination entre les USA, qui ont aussi sanctionné l’Iran, et l’Arabie saoudite qui veut faire la guerre à l’Iran, vous vous trompez. Ils n’ont pas besoin de coordonner, leurs fantasmes communiquent sans besoin de passer par la raison. Donc pour le grand Muphti, les musulmans n’ont pas le droit de s’attaquer à Israël, ni de faire de vagues pour la mosquée d’El Qods et rappelle à tout un chacun qu’Israël assure la sécurité de la Mosquée. La nécessité de combattre d’abord les chiites que les religieux saoudiens et du Golfe nous serinent depuis 2006, année de l’agression israélienne télécommandée par Bush et Condoleezza Rice, est arrivée à sa forme mentale achevée. Dans la lutte contre les diables chiites, Israël prendra la défense des musulmans, entendez par là que le fameux ciel saoudien ouvert aux avions israéliens est déjà, tout simplement un ciel israélien. Israël devient le protecteur des musulmans (2). Comme surréalité, il n’y a pas mieux.

Réseau International  a ajouté le commentaire savoureux publié en encadré.

M. B.

 

Encadré :

 

La seule démocratie du Moyen-Orient

 

Avec Israël, tout est possible. Il se proclame aujourd’hui comme un Etat juif, l’Etat de tous les juifs du monde, et pourtant c’est l’Etat le plus antisémite qu’il y ait eu sur terre. Pour exister, il lui a fallu faire sauter un nombre impressionnant de synagogues et d’institutions juives à travers le monde, tuant de vrais juifs pour inciter les survivants à épouser la cause sioniste et les faire émigrer dans l’antre du sionisme en Palestine. Un des principaux fondateurs du sionisme est lui-même un antisémite notoire dont s’est inspiré le nazisme officiel allemand. Aux yeux du monde, Israël se présente comme l’Etat le plus faible du Moyen-Orient, entouré de bouledogues toutes canines dehors, mais c’est lui qui attaque tous ses voisins avec les armes les plus sophistiquées sorties d’on ne sait où. C’est aussi la seule démocratie du Moyen-Orient dit-on. Il peut ainsi se permettre, au nom de la démocratie, d’être un Etat théocratique (Etat juif) pratiquant l’apartheid de la manière la plus démocratique qui soit vis-à-vis des non juifs et continuer l’occupation progressive des terres d’autrui après des votes démocratiques dans une assemblée dûment élue. Israël s’estime haï et rejeté par le reste du monde et enseigne à ses enfants qu’ils sont des personae non grata hors de leurs frontières, leur inculquant les principes fondamentaux de la victimisation qui a tant porté ses fruits. Et pourtant, aucun pays au monde n’a reçu autant de soutien de l’extérieur qu’Israël. C’est bien simple, sans le monde extérieur, cet Etat n’existerait tout simplement pas. Israël a créé la notion de terrorisme islamique dont il dit avoir été victime pendant des années, et s’est arrangé pour que cette notion devienne réalité en Europe. Et que découvre-t-on par la suite ? Qu’Israël est, d’une manière ou d’une autre, directement ou indirectement, lié sinon derrière tous les terroristes islamiques (on ne dit plus «islamistes» maintenant, le temps des précautions oratoires est terminé). Il ne faut donc pas s’étonner qu’Israël devienne tout d’un coup le premier défenseur de l’Islam. Il peut être tout et son contraire à la fois. Tout est virtuel dans cet Etat, reflétant un monde où rien n’est vraiment. 

Source Réseau International 

 

1-  http://www.courrier-picard.fr/47557/article/2017-08-03/sanctions-la-russie-denonce-une-guerre-economique-lancee-par-washington

 

2-                                                                            https://francais.rt.com/international/41652-veritable-guerre-economique-medvedev-denonce-sanctions

 


 

 

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