Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
bouhamidimohamed

Retour de manivelle. Sur un frémissement français de lutte sociale en avril 2006.

11 Mars 2018 , Rédigé par bouhamidi mohamed Publié dans #Bazooka- Le Soir d'Algérie

Retour de manivelle. Sur un frémissement français de lutte sociale en avril 2006.

Retour de manivelle

Par Mohamed Bouhamidi

In Le Soir d’Algérie du 05 avril 2006.

 

Les manifestations des jeunes Français contre le contrat de première embauche nous intéressent un peu. Ils rejettent une précarité encore plus brutale de la relation du travail. L’offensive contre les garanties de l’emploi a commencé il y a des décennies. L’objectif des grandes entreprises a d’abord été de grignoter le pouvoir de représentation des syndicats. Elles adoptèrent ce qu’on appelle aujourd’hui le management.

En gros, les responsables des ressources humaines  étaient chargés d’enlever du contrat de travail son caractère et sa signification collectifs. Il fallait à tout prix individualiser le rapport, astreindre l’employé à des objectifs personnalisés. Le salaire et les primes se négociaient sur cette base. Petit à petit, la fonction de représentation du syndicat s’est érodée. L’employé n’avait plus besoin de cette médiation pour défendre ses intérêts. L’emploi par intérim a joué un grand rôle dans cette stratégie antisyndicale. Le management y a ajouté la notion de communication et celle de la culture d’entreprise qui place le travailleur non plus dans un statut de simple salarié mais de supporter de son entreprise. Bien dans les grands ensembles industriels (les ports, les chemins de fer, la production et la distribution d’énergie) cette technique ne peut pas fonctionner à plein. Dans ces secteurs, les syndicats ont pu se maintenir mais à travers l’Europe on a noté dans tous les pays le recul de la représentation syndicale. Le recrutement en général est devenu d’autant plus précaire que le salarié est mis dans cette ambiance dès l’embauche. Partout dans les pays développés, on a noté un recul du pouvoir d’achat et des difficultés à mobiliser chez les syndicats. Disons que pour le grand capital, ces trois décennies ont été euphoriques dans le démantèlement du droit du travail et de l’introduction de son corollaire : la flexibilité. Les jeunes étaient particulièrement exposés à ce nouveau type de relations de travail. Après le non à la Constitution européenne qui élevait un culte à l’ultralibéralisme, les jeunes viennent de dire non à ces reculs de la garantie de l’emploi. Les jeunes ont entrainé les syndicats dans cette lutte. Signifie-t-elle un réveil européen des luttes sociales généralisées contre le triomphe arrogant de l’ultra-libéralisme ? Cela ne peut être sans incidence sur les autres pays.

M. B.

Source : https://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/04/05/article.php?sid=36576&cid=3

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article