Farid Talbi huile- littoral algérois -lumières

Farid Talbi huile- littoral algérois -lumières

par Farid. Talbi - Artiste peintre.

"Exergue que je tire, moi Bouhamidi, d'un échange avec Farid :

"La peinture algérienne, sait être impliquée dans la réflexion d’un nouveau monde de justice et respect de l’autre .Pacifique, mais cette peinture qui porte un regard sur la condition humaine comme acte politique , peut être vindicative" –

A mon père qui n’en était pas moins la douceur et tolérance incarnées, ma profession de foi d’amateur de l’art de peindre, quoiqu’il en soit

Farid Talbi."

DEPEINDRE ET PEINDRE

« la mission de l’art n’est pas de copier la nature, mais de l’exprimer » . Balzac

Je m'adonne à la peinture avec d'autant plus curiosité et de d’intérêt qu’un jour s’est accomplie, par-là, alors une rencontre avec une activité d’homme libre, ouverte à ma quête éperdue d’absolu. Raison pourquoi je n'ai donc jamais cru devoir me fourvoyer dans le dédale conventionnel de l’étude de l’art, ni eu à solliciter de conseils d‘autrui, ni enfin disserter, impudiquement, d’une passion intimement ressentie, depuis si longtemps enfouie.

Sans plus, sans autre prétention, cette posture de repli possessif m'a conduit à une expression picturale qui ne saurait se revendiquer d’aucune école particulière, d’aucun maître en la matière.

D’ailleurs je n‘en connais pas encore.

Je me livre depuis le temps, tout simplement au plaisir solitaire d’une activité créatrice me convenant formidablement, porté par des inspirations et la confrontation à l'exercice libérateur de la confession par la peinture. Par ailleurs la peinture qui reste, constamment une matière d’œuvre à la manipulation artisanale complexe et indocile, à la transformation capricieuse ; comme ces femmes de grande intelligence et caractère dont la recherche nous hante. Il s'agit aussi d’instants particuliers d’inspiration, me permettant de me saisir d’états d’âme éphémères, exaltants et troublants, dénués de toute entrave, pouvoir en révéler mes images. Un formidable et surprenant exerce d’introspection. A fortiori en résonance brutale à la situation pourrie, d’une civilisation au fait d’une époque pourrie, dans laquelle baigne une élite humaine largement pourrie. De surcroît, une humanité désincarnée, affligée de la fripouille familiale notamment caractérisée par la duplicité, l’ingratitude, la méchanceté, l’hypocrisie, sous les masques trompeurs de la vertu caricaturée. Je me retrouve souvent, alors, mû par une pulsion irrésistible de devoir témoigner mes indignations d’homme outragé, dans un monde globalement hostile à la révélation des vérités qui dérangent, à la justice qui dérange bâillonnée par les forces infâmes de l'ordre convenu.

Il pourrait y avoir parfois, dans mon langage de couleurs et de formes, de la nostalgie, de la passion, du rêve, de la tendresse, bonté, des angoisses, très peu de pardon et presque plus d'espoir.

Parce que je crois aussi que la grandeur d’âme, dont nous nous réclamons facilement et fièrement à tous propos, a trop souvent été érigée sur des fondements redoutables et pervers de la pensée humaine, souvent malhonnête et perfide,

Terrible devient alors l'épreuve d'épanchement sur une toile immaculée, comme support à la confession d’une révolte insupportable, longtemps contenue ! Dans ces instants de questionnement, si quelques traits dominants de joie, de bonheur pouvaient inspirer outre mesure mon esquisse, j'aurais été trahi par un inconscient de déni de réalisme que je réprouverais. Qu’on me le pardonne.

Farid Talbi - Huile - Fleurs des jardins, côte est Alger.

Farid Talbi - Huile - Fleurs des jardins, côte est Alger.

Autrement, au fil des jours, à tout prendre, la vie mérite parfois d'être intensément vécue, avec intelligence rustines et humilité, entourée de vrais amis, juste à côté.

Et dépeinte donc la vie, d’une toile à l’autre, avec ou sans :

- les fils de putes, définitivement propriétaires du négoce fructueux et frauduleux mondial de la démocratie républicaine, heureuse d’être abusée politiquement dans le dos, la salope ;

- les intellectuels et philosophes parisiens de renom, de nulle part exposés, qui légitiment les guerres, les injustices, les drames et les hécatombes en gros, selon et au plus offrant ;

- la progéniture vulgaire et tarée des parvenus faisant bombance, la larme à l’œil, dans le commerce lucratif de la misère du monde ;

- les politicards de mes deux ou de mes trois, flanqués des héros de pacotille et du jour, qui se paient l'évènement télévisuel du dimanche, la tête proprement plongée dans leur merde;

- les malheureuses filles de joie au regard éteint, tellement tristes ;

- les chiens gâteux des appartements bourgeois de Neuilly s/ Mise-en-Scène, s‘étripant pour un os fossile à rogner ;

- les beaufs’ par mésalliance, hautement contagieux, issus des pires méfaits de la misère humaine, de ces gens qui ne sauraient jamais plus s’épanouir ni s’accroitre autrement ;

- le Maire socialo-astigmate de Gilou-Lafolle, propriétaire du Parti pris par derrière, définitivement confisqué par la firme ;

- sa femme Simone, née Nasillard de Merdico, fille à Prosper de la SCDCP (Société des Conserveries de la Denrée Coloniale Périmée), en embuscade, la morveuse, et bien que vêtue de haillons, tenant effrontément pognon sur rue ;

- le sénateur moribond du coin, mortel increvable depuis l'abolition de la peine de mort médiatique de la connerie humaine qu’il préside, jalousement, en l’espèce et en famille ;

- les vieilles crapules émasculées, pensionnaires attitrées de tous les gouvernements, siégeant dans les hémicycles où se tricote la loi du plus fort, sur le plus vieux métier du monde ;

- Monsieur Chapeau noir, qui loge à l'étroit dans le recoin obscur du coffre de la Banque Nationale, sur la paillasse cousue de fil de fer barbelé, narrant une histoire nationale de personnages guerroyant, blancs ;

- les nabots de la chorale des petits chanteurs à la croix bois sombre, calcinée par une foi de trop, une fois de plus;

- Tartempion, enfin identifié par la mère Michel qui a retrouvé, par derrière le presbytère, son chat perdu, castré ;

- le père Lavictoire, cocu heureux des grandes méprises que constituent les triomphes illusoires, mais cruels, des guerres passées, présentes, futures;

- la mère Maquerelle sans sa perruque rousse, présidant un conseil d’administration de chefs d’entreprises impuissants et veules, devisant sur des matelas de stocks options ;

- un jeune flic blême, miné par les peurs immondes de l‘espèce, complètement vermoulu du dedans, chargé d’abuser sans vergogne du quota quotidien de victimes expiatoires et de l’ainsi -soit-il ;

- un jeune journaleux crapuleux, toujours crade, issu de la lie mentale sordide du populo parasite, accompagnant sur l’impérial de la voiture-balais de l’Histoire Première libératrice, les révolutions d’appoint assurées de triomphes bricolés à la sauvette et, redistribution de breloques chocolatées ;

- le premier de la classe de français dans le texte et alentours, blafard, laid, boutonneux, ventriloque, marmonnant à voix basse d‘affreuses leçons au programme du machin des écoles d’une société surannée, totalement méconnue des élèves mauvais en expression académique mais, particulièrement épanouis et pas moches ;

- l'un des fils méconnus du soldat inconnu, lui aussi mort avant terme de certitude politicarde virale foudroyante;

- la statue de la Vérité des uns, entubée par la statue de la Liberté des autres, dans une vespasienne littéraire branchée du seizième arrondissement et du tout- à- l‘égout ;

- un autre premier papier-ministre, d'Etat hermaphrodite, impudique et joyeux, racontant pleins ses échecs patents, à la deuxième personne du pluriel à une foule en délire ;

- un syndicaliste ventru, affalé sur une charrette à-bras soutenue par les gosses tubards et un ouvrier décharné, tournant en rond dans un sanctuaire d’école publique carcérale, gardée par des enseignants grassouillets, encartés, fiers et heureux du résultat de la leçon assénée ;

- un ancien tolard tatoué « merci maman », tenant fermement le collier de la chienne disparue, « Françoise », la chienne savante :

- une bouteille à la mer, et puis deux, trois et puis rien …;

- des acouphènes obscènes, d’une fête de la jeunesse, libérée du contenu du message politique délivré par Mathusalem, totalement bourré ;

- tous les autres, mal vermifugés de la République, qui se gargarisent de liberté, égalité, fraternité et, de vaseline par deux doigts fourrés dans les amygdales hypertrophiées.

Sinon mes toiles comme ma prose, faut faire avec, telles quelles, ou passer son chemin.

Farid. Talbi - Artiste peintre.

« S’il n’y avait que sept merveilles au « monde sur la terre, cela ne vaudrait pas la peine d’y aller voir »– J Prévert

farid talbi

DEPEINDRE ET PEINDRE