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bouhamidimohamed

Redouane Semar-Réforme de l’éducation Quelques éléments pour un débat

24 Octobre 2022 , Rédigé par Redouane Semar Publié dans #-Algérie, #Etat et citoyens, #Philosophie, #Sciences-Education

Redouane Semar-Réforme de l’éducation Quelques éléments pour un débat

Réforme de l’éducation-Quelques éléments pour un débat. Par Redouane Semar.

On parle de réforme de l’éducation depuis des années, mais force est de constater que le débat autour de l’école n’est pas sorti du cadre institutionnel, et que les contours de la réforme sont restés flous pour le grand public, comme le souligne Pr Noureddine Toualbi-Thaâlibi les responsables du ministère de l’Education nationale ont fait preuve d’une grande discrétion concernant la mise en application des premières actions de réforme de l’éducation je cite : «L’inconvénient aura été de ne pas y avoir suffisamment associé l’opinion pour espérer gagner, en temps voulu, l’adhésion collective nécessaire à un objectif de cette envergure. ».

En relisant des documents produit par l’Unesco qui a accompagné cette réforme et qui ont peu circulé on se rend compte de l’ambition du projet de réforme et en même temps le peu de précision du diagnostic et de formulation des objectifs, comme on peut se poser des questions par rapport à la pertinence de certaines décisions. A titre d’exemple, la décision de raccourcir le cycle primaire au profit du cycle moyen n’a pas été du tout expliqué, cette décision a engendré un grand chamboulement du système pendant des années et  le pire c’est que cette décision a été prise sans grande concertation et sans préparation suffisante des infrastructures et des moyens humains.

On peut déplorer l’absence de monitoring efficace de cette réforme et une absence quasi-totale d’un dispositif d’évaluation ce qui rend toute appréciation et analyse  objective et exhaustive  difficile. Il  est étonnant d’ailleurs de constater que c’est une mission de l’unesco qui propose des structures de pilotage de la réforme et qui insiste sur la mise en cohérence des actions et (vainement à mon avis ) la nécessité de mettre en place un dispositif d’évaluation . On a l’impression en fait que cette réforme notamment en ce qui concerne l’adoption de l’approche par compétence a été plus le résultat de l’adoption d’un modèle développé au Canada , en Belgique  et appliqué avec (plus de succès à mon avis) en Tunisie , plutôt qu’une entreprise de correction et de rénovation partant d’un diagnostic précis et exhaustif et imposée par le constat des insuffisances et distorsions . De toutes les façons, ce diagnostic ne pouvait pas réellement se faire puisque le système n’a jamais disposé d’un dispositif d’évaluation et la recherche autour des problèmes du système a de tout temps était faible ou quasiment inexistante.

On peut reprocher également à cette réforme le fait qu’elle a été menée dans la précipitation et aucune évaluation pouvant révéler des problèmes et remettre en cause tant soit peu la pertinence des décisions et la manière de les appliquer ne pouvait être tolérée pour des raisons politiques (plutôt politicienne évidentes)

On peut également dire que cette réforme a été menée sans plan d’ensemble et sans chronologie des opération, on constate par exemple que la mise en œuvre de la formation des enseignants  s’est faite après la réforme des programmes et je ne suis pas sûr qu’elle a pris en charge la préparation à l’approche par compétence.

Beaucoup de choses ont été faites dans le cadre de cette réforme, on peut retenir  le changement des programmes, l’élaboration de nouveaux manuels, l’introduction de l’approche par compétence, l’introduction du préscolaire et bien d’autres changements, il est certainement temps de marquer un temps d’arrêt et de réunir les conditions d’un débat public éclairé par des données de l’évaluation et des expertises à tous les niveau pour voir avec plus de précision ce que le système éducatif apporte réellement aux nouvelles génération comme compétences réelles , comme valeurs et perspectives d’insertion professionnelles , situer les insuffisances , les incohérences et proposer un plan d’approfondissement et de correction de la réforme .

Je me propose dans cette contribution d’amorcer ce débat en proposant des pistes de réflexion fondées sur mon expérience, mes observation, mes analyses et dans une certaine mesure mes intérêts personnels.

Vacances scolaires : affrontements violents à Béjaïa, grève à Boumerdès...  - Algérie Patriotique 

Quand les élèves contestent. 

je pense que l'approfondissement de la réforme devrait passer  par l'investissement de nouveaux chantier et sortir des débats et affrontement idéologiques  pour engager une dynamique de changement fondée sur le consensus , plus d'implication de la communauté éducative  , des approches  scientifiques et techniques modernes consacrées par l'expérience internationale et la recherche,  et bien entendu un diagnostic sans complaisance de la situation.

Beaucoup d’aspects doivent susciter à mon avis recherche et réflexion.

  • La révision des curriculas et approches pédagogiques
  • Organisation et structuration du système éducatif
  • La modernisation et l'amélioration des techniques et procédures d'évaluation
  • L'animation et la communication
  • La modernisation de la gestion
  • …etc

Ce  serait prétentieux de ma part de couvrir  toutes ces dimensions , mes propositions vont concerner brièvement quelques aspects et  en fonction du feed back et de l'intérêt suscité je ferais l’effort de les   préciser et d'apporter plus de détails .

  1. Révision des curriculas et approches pédagogiques :

Approfondissement du consensus autour des finalités de l’éducation et du modèle de l’école

Au niveau officiel et au sein de la classe politique , l’école Algérienne semble aller de façon incontestable vers des consensus qui peuvent lui procurer plus de cohésion, d’efficacité et de stabilité. La loi d’orientation et la charte d’éthique du secteur de l’éducation nationale, vont dans ce sens. Mais il me semble que nous devons travailler à approfondir et étendre la réflexion et le débat pour que les éléments de ce consensus soient mieux assimilés et appliqués sur le terrain et que d’autres éléments puissent s’intégrer.

Il est certain que la quasi-totalité des enseignants et parents n’ont jamais consulté ces deux documents et ne savent même pas qu’ils existent. Comme il est    quasi certain que le discours à caractère politique sur les finalités de l’éducation n’est pas bien assimilé et intégré dans les représentations de l’école et on peut aisément observer des décalages importants entre les principes et les finalités et ce que révèle la pratique pédagogique et le rapport des enfants et des parents à l’école .

Globalement, au niveau de la société l’image de l’école n’a pas été actualisée pour intégrer les nouvelles réalités politiques et socio-économiques ainsi que les avancées dans les sciences de l’éducation, les sciences cognitives et les didactiques des différentes disciplines.

 D’après mes observation, je peux émettre l’hypothèse que globalement la société Algérienne (parents enfants et enseignants) est partagée entre deux visions de l’école et de l’éducation. La medersa et l’école coranique fondée sur le respect absolu du maitre, le recours à la contrainte, la violence et les châtiments corporels pour imposer discipline et respect, le bachotage et le  parcoeurisme, la séparation des deux sexes, la relation pédagogique verticale visant à la transmission d’un savoir exclusivement détenu par l’enseignant ..etc. Dans les réunions des parents d’élèves, il n’est pas rare à ce propos d’entendre les parents d’élèves réclamer l’usage des châtiments corporels pour « dresser » leurs enfants, ou le retour à une séparation des deux sexes..etc comme il n’est pas rare que  des enseignants, se limitent à des  récitations du cours pour évaluer des connaissances et même des compétences. La seconde catégorie se réfère avec nostalgie à l’école coloniale qui valorise l’apprentissage du français et qui insiste sur la discipline, la rigueur et le formalisme.

La centralité de l’enfant, la prise en charge de ses besoins,  et de ses droits , la prise en charge du patrimoine, la formation artistique , l’intégration des nouvelles technologies d’information et de communication ,  et bien d’autres aspects contenus dans ces deux documents constituent à mon avis plus des vœux pieux  et des orientations vagues plutôt que des finalités  à réaliser et /ou des critère pouvant servir d’indicateur à une évaluation sérieuse du système .

 Le débat sur les finalités de l’école est intimement lié à des questions idéologiques, il peut mener si on ne fait pas attention à des guerres scolaires, mais on est obligé d’admettre que beaucoup de polémiques ont déjà cours et qu’il vaut mieux un débat serein et constructif plutôt que cette guerre sournoise, on peut par ailleurs être sûr que les questions en suspens et non réglées vont se retrouver nécessairement au niveau de la pratique pédagogique.

Dans ce débat, il me semble important d’actualiser l’analyse des sources et fondements permettant la définition des finalités.

La définition actuelle repose sur trois fondements importants :

L’Algérianité : les préoccupations liées à la cohésion nationale et à la nécessité de promouvoir l’attachement de l’enfant à l’Algérie et à son patrimoine, sont fortement présents dans la loi d’orientation

La modernité : on peut affirmer que l’école Algérienne à travers les textes est moderne dans la mesure où elle vise le développement global et harmonieux de l’enfant, l’ouverture sur le monde …etc. Néanmoins cette dimension peut être renforcée et approfondie

L’islam : l’islam est considéré comme source de valeurs à promouvoir.

On peut construire un consensus autour de ces fondements, il reste qu’il faut intégrer et mettre en cohérence ces sources et fondements et ne pas se limiter à les juxtaposer.

Ce qui manque à mon avis, c’est la référence à la réalité de notre société et notre monde ; il me semble qu’on ne peut pas construire un système éducatif pertinent sans prendre en considération les évolutions et les problèmes que nous vivons  ainsi que   les défis qui nous sont posés en tant qu’Algérien , en tant que citoyen  vivant dans une région menacée par toutes sortes de danger , et en tant que citoyens du monde.

On ne peut réfléchir en 2017 à l’école Algérienne comme on l’a fait en 1962 ou dans les années 2000, comme on ne peut penser à une école qui participe de façon éclairée et intelligente aux évolutions de l’Algérie et du monde sans que cette école porte son regard sur la réalité ; sur les contradictions sociales, les dangers, menaces et blocages, mais également sur les ressources et opportunités. Malheureusement ce travail n’est pas fait méthodiquement, et on peut penser que l’école Algérienne ne participe pas suffisamment à l’évolution positive du pays puisqu’elle ne s’est pas donné la peine de cibler les problèmes et de voir ce qu’elle peut faire pour changer les attitudes et comportements des Algériens.

Quelques questions ont retenu mon attention à la lecture de la loi d’orientation et qui méritent à mon avis d’être discutées :

Valeurs de l’islam de l’arabité et de l’amazighité :

On peut admettre qu’il y’ai des valeurs propres à l’islam mais est ce qu’il y’a des valeurs propres à l’arabité et à l’amazighité ?, il me semble que non. Cette formulation à mon sens procède d’une vision éthniciste, essentialiste porteuse de dangers qu’il faut combattre ; les valeurs sont le résultat de l’histoire, elles  peuvent être inscrites dans la culture mais de façon conjoncturelle, c'est-à-dire en réponse à des défis et des épreuves, mais elles  n’ont rien d’immuables. En juxtaposant les deux sources de valeurs on pense concilier ainsi les Algériens à travers une reconnaissance ethnique mutuelle, alors qu’il n’en est rien, à travers une telle formulation on affirme la séparation de ces deux sources de valeurs et leur distinction « essentielle » . A ce niveau l’école doit se donner comme mission de souligner les liens, les mixages , les ressemblances, la continuité des expressions culturelles au lieu de les séparer et de les distinguer, ce qui à mon sens correspond à la réalité de la culture nationale, elle doit également lier les valeurs à l’histoire en particulier l’histoire récente au lieu de les rattacher à un substrat culturel et/ou ethnique.

Par ailleurs, en insistant sur les valeurs de l’islam, est ce qu’on ne met pas en relief la spécificité de ces valeurs ? alors qu’il faut au contraire travailler pour que nos enfants intègrent les valeurs de l’islam dans les valeurs universelles admises et promus par la communauté internationale.

Cette formulation politiquement correcte admise comme faisant partie d’un consensus politique ne peut pas à mon sens être reprise telle qu’elle en ce qui concerne l’école pour fixer des orientations ou définir des finalités, elle doit nécessairement être revue pour être précisée,  et permettre une cohérence idéologique nécessaire  à la programmation pédagogique.

 

Ouverture sur la modernité et l’universalité :

Est-ce que le mot ouverture est bien choisi pour affirmer l’ambition de l’Algérie et des algériens de participer à la construction de la modernité et à peser dans les choix au niveau international et qui concernent l’humanité ? on a l’impression à travers une telle formulation que la modernité et l’universalité sont exogènes et qu’on doit juste les regarder, alors que l’Algérie est dans le monde elle n’est pas ouverte sur le monde et doit participer à  la marche du monde  de façon éclairée et critique .

Pensée critique et jugement :

En ce qui concerne les valeurs qu’on peut intégrer dans la modernité, la loi d’orientation parle de responsabilité et de créativité mais ne mentionne pas la formation du jugement et de la pensée critique ( qui sont les conditions de l’autonomie , de la liberté , de la responsabilité et de l’engagement ) et qui me semblent extrêmement importantes pour permettre des évolutions sociétales nécessaires et éviter l’embrigadement .

La formation d’un individu rationnel, qui fonde ses choix de vie  , sa compréhension du monde et de la religion sur la raison , me semble également une finalité importante qu’il faut exprimer clairement pour lutter contre l’obscurantisme, la pensée magique , le fatalisme , la superstition …etc. qui ont court dans la société et même au sein de l’institution éducative

Patrimoine universel

La connaissance et l’assimilation d’éléments pertinents du patrimoine universel n’est également pas mentionnée. On a l’impression à travers la formulation que seul le patrimoine national compte et que la culture générale ainsi que les apprentissages à caractère scientifique, littéraire et artistique, dont il est question n’ont pas de rapport avec le patrimoine universel. L’insistance sur le caractère national de l’éducation est motivée par le rôle que doit jouer l’éducation dans la préservation de la cohésion nationale et la lutte contre les formes d’aliénation et le mépris de soi, mais semble mener vers des dichotomies et même des oppositions fausses entre le local et l’universel qui n’ont pas lieu d’être .

Cette gêne par rapport à ce qui n’est pas national et la difficulté de l’intégrer mène vers des absurdités comme le fait de parler de la réalité nationale dans l’enseignement du français (ce qui entretient le statut ambiguë de la langue française en Algérie). Elle mène également vers des enseignements scientifiques désincarnés, c'est-à-dire enseignements de notions sans rapport avec les hommes et les sociétés qui les ont produits et une négligence totale de la littérature et des arts autre qu’arabes.

Elle peut mener vers des blocages qui vont à l’encontre du développement scientifique et culturel, la science et les différentes formes culturelles faisant partie du patrimoine universel peuvent être considérées comme exogènes, ce qui peut susciter chez les jeunes, méfiance et rejet.

L’évolution souhaitable est bien entendu de valoriser le patrimoine culturel national et de l’intégrer dans les différents enseignement , mais également de considérer le patrimoine culturel national comme élément non pas distinct et coupé du patrimoine universel mais plutôt rattaché et intégré à ce patrimoine , il est important de souligner le rapport ,la continuité  et la ressemblance entre les expressions culturelles et civilisationelle et d’accorder une place même modeste aux expressions culturelles d’autres civilisations que la civilisation arabe ou occidentale .

Intégration des problématiques nouvelles

Cette loi semble ignorer l’importance de l’éducation dans la formation de l’homme de demain et les défis qu’il doit relever en tant qu’Algérien et être humain , je pense à la préservation de la planète, à la nécessité de promouvoir des attitudes et comportements favorables au développement durable, au développement d’un sens éthique et critique pour faire face aux implications du développement scientifique et technologique (manipulation génétique , connexion homme-machine , intelligence artificielle, internet …etc  ) , au développement du sens politique pour s’engager en faveur de la dignité humaine et des causes justes …etc.

Il est important que notre système éducatif, intègre les enjeux planétaires et forme non seulement des citoyens Algériens, mais également des citoyens du monde responsables conscients de leurs droits et des possibilités d’intervention pour peser sur l’avenir du monde.

Même si cette loi reste à améliorer dans sa rédaction et ses formulation on peut néanmoins faire un examen critique de la situation de notre système éducatif au regard d’un certain nombre d’orientations qu’elle contient et repérer rapidement un certain nombre d’insuffisances criardes et de difficultés à se conformer à cette loi, notamment en ce qui concerne l’utilisation des nouvelles technologies d’information et de communication , l’intégration du patrimoine culturel dans les curriculas , la prise en charge de la formation musicale et artistique, l’objectif de maitrise de la langue arabe et des langues étrangères ..Etc.

Une évaluation sérieuse est à faire, elle nécessite la traduction des finalités et orientations en objectifs pédagogiques et indicateurs mesurables.

Observations et propositions concernant certains enseignements

La modernisation de l'enseignement de l'arabe :

  • Cet enseignement a besoin de devenir plus cohérent : nous ne disposons malheureusement pas d'une vision théorique claire permettant d'intégrer et de programmer de façon progressive l'enseignement des différentes dimensions de la langue et de la littérature arabe. Au niveau des différents programmes, on peut observer une confusion totale des différents niveau  d'analyse de la langue et du discours (syntaxe, sémantique , énonciation, stylistique et rhétorique  ) , les élèves sont souvent perdus dans un brouillard  de catégories et de notions dont ils ignorent l'utilité et qui ne leur servent pas à mieux maitriser  le discours .
  • Cet enseignement a besoin de devenir plus agréable et attractif : l'enseignement de la langue et de la littérature arabe pourrait et devrait le  devenir,  à travers notamment le jeu , la rédaction et l’expression  libre et l'accès à l'imaginaire. Il faut impérativement sortir du cercle vicieux suivant : enseignement peu agréable + registre linguistique inaccessible   => rejet de l'enseignement de l'arabe => rejet de la lecture et de la littérature => indigence  linguistique et discursive  et pauvreté expressive  => rejet de l'enseignement de l'arabe . Un enseignement plus agréable c'est une porte ouverte vers la lecture et la littérature donc vers une meilleure maitrise de l'expression et des opérations cognitives.

L’approche de la littérature arabe au lycée, n’a pas été revu depuis pratiquement plus de 30 ans , cette approche qui s’appuie sur une approche chronologique a de tout temps été critiquée , les élèves du lycée  dès la première année sont confrontés à des textes des périodes reculés  de la  djahilia produit dans une langue qui est devenue étrangère, ces textes sont quasiment incompréhensibles même pour des lettrés ayant un bon niveau en arabe . Même si les thématiques peuvent être intéressante la pénibilité des exercices de compréhension et d’analyse, mène à   des situations d’échecs, les bon élèves se retrouvent avec des notes moyennes ou faibles en arabe, ce qui pousse à la démotivation. D’autres approches peuvent être envisagées, on pourrait adopter une approche fondée sur une catégorisation des textes littéraires, tout en faisant la relation avec le contexte historique

 Cet enseignement devrait devenir également plus fonctionnel ; il  doit permettre de mieux maitriser les situations de  communication et  préparer à une meilleure maitrise du discours qui doit devenir plus précis , plus nuancé , plus riche, plus adapté au contexte et plus cohérent . il faut rompre avec les traditions de rhétorique peu précises qui empêchent l’enfant d’analyser et de comprendre la réalité et qui l’enveloppent dans un brouillard d’expression stéréotypé qui donnent à penser que l’arabe sert à sublimer la réalité et l’idéaliser.  Cette capacité à maitriser le discours est fondamentale pour la poursuite des études.  le déficit apparait souvent à travers le discours pauvre et stéréotypé et les difficultés à comprendre les visées d’un texte et à l’analyser dans ses rapports avec un contexte et d’autres textes.  L'absence de maitrise des articulateurs logiques, de la modalisation et des paramètres de l’énonciation, compromet grandement l'accès à la pensée philosophique et même la compréhension dans les disciplines telles que l'éducation religieuse, la littérature ou l’histoire.

  • Cet enseignement doit devenir plus Algérianisé et authentique  : L'enseignement de l'Arabe ne doit pas devenir une source d'aliénation ou de mépris de soi , il ne faut pas que nos enfant puissent penser que l'arabe d'imrou el kais est plus pur, plus juste  et plus beau , que l'arabe de ben msaieb , ou de nos mère . Cet enseignement doit s'ouvrir et donner une place de choix   à l'expression populaire et littéraire et à la valorisation de notre patrimoine sous toutes ses formes ( bouqalates , contes , poésie, dictons , devinettes ...etc) , il ne s'agit pas de substituer un registre linguistique à un autre , mais de permettre à l'enfant d'appréhender le patrimoine linguistique et littéraire dans sa continuité , sa diversité et sa richesse .
  • Cet enseignement doit devenir plus enrichissant culturellement, rien n’interdit la création  de passerelles entre l’enseignement de l’arabe , la musique ou le théâtre.  Par exemple , une chanson de houyam younes reprenant le poème d’imrou el kais ou de Amar ezzahi reprenant des poèmes soufis ou autres  pourrait  créer l’envie de lire et de comprendre et placer ainsi  l’enseignement de l’arabe et  sa littérature dans le champ du plaisir et élargirait les horizons culturels de nos enfants . A travers le texte théâtrale, on peut également initier  les jeunes à la lecture de textes long, et combattre la paresse intellectuelle que chacun de nous peut observer, (paresse liée notamment à l’invasion des nouveaux médias alors que la société Algérienne n’a pas encore accédé réellement aux codes et habitudes à la culture écrite ). Dans cet ordre d’idées ,  il est important de reprendre la tradition de lecture d’œuvres complètes , la diffusion électronique de ces œuvres quand elle sont libres d’accès pourrait réduire les couts et permettre au plus grand nombre d’accéder aux plaisirs de la lecture  .

L'école sous l'effet de la pandémie : Les parents d'élèves divisés sur la  poursuite des cours Algérie

 

L'enseignement de l'histoire :

L'enseignement de l'histoire me semble également un champ important de réforme trois axes de travail me semblent importants :

  • Travailler sur la mémoire en ce qui concerne la période coloniale et la révolution Algérienne :  il est impératif de faire la différence entre l'histoire académique comme une connaissance structurée du passé et qui aspire à l'objectivité et l'histoire enseignée  qui a pour objectif de former un algérien qui a une conscience nationale , instruit des épreuves du passé , fier des luttes de son peuple et ayant du respect et de la gratitude à l'égard de ses sacrifices , donc plus attaché à l'unité et la cohésion nationale .
  • Le travail sur les témoignages des anciens est fondamental dans cette approche par la mémoire , ce travail , peut mener à la construction de cette conscience nationale ,  il peut permettre de mieux intéresser les jeunes à l'histoire du  pays,  qui gagne à travers les témoignage en véracité , en sincérité , en profondeur et en émotion , il peut permettre  enfin un travail de construction de la connaissance historique , qui n'est plus livrée par l'enseignant mais élaboré à travers témoignage et documents .
  • Revoir en profondeur  l'histoire  de l'Algérie en particulier avant la colonisation : l'enseignement de l'histoire de cette période est réduit à une liste de date , de nom d'états  de personnage et d'évènement que l'enfant doit apprendre par cœur , aucun travail sur les documents ou sur les vestiges n'est pratiquement envisagé ( les images des vestiges constituent juste des illustration de l'existence de tel ou telle civilisation ou état et non pas des indice à lire et à interpréter) , les dynamiques culturelles , sociales et économiques qui peuvent constituer des éléments permettant de donner du sens aux évènements sont complètement absents . Cette manière d'enseigner l'histoire ne peut en aucun cas susciter l'intérêt pour le passé, le questionnement ou la curiosité et n'apporte rien à la connaissance du passé et la compréhension du réel. Il est quasiment certain que nos jeune ne gardent aucune trace de cet enseignement à part peut être le nom des états, Cette révision doit porter sur la structure du programme , si on doit rester dans la limite du temps programmé , on n'est pas obligé de parcourir toutes les étapes historiques on peut  mettre l'accent sur des éléments significatifs et enrichissants sur le plan intellectuel pour les enfants ,
  • Mettre l'enfant au centre de cet enseignement et rendre cet enseignement plus attractif et motivant: c'est à dire mettre l'enfant en situation d'observer , de  réfléchir de faire des hypothèses ,de confronter les indices , de comparer  pour mieux comprendre une période historique .Faire appel aux documents  et pourquoi pas confronter l'enfant à une diversité de lecture et d'analyse d'un évènement, (Il me semble important que  les enfants comprennent que l’histoire est une reconstruction du passé  et que de ce fait l’objectivité en la matière ne peut être que relative )
  • L'intérêt , la motivation et l'attractivité de cet enseignement pourrait être développés par l'usage de l'audio-visuel et éventuellement de l'informatique , pour des reconstitutions de site historiques, des analyses de documents , des schématisations ...etc
  • La jonction entre les établissements scolaires et les Musées et plus que souhaitable encore faut-il que les enseignants et les musées apprennent à organiser et exploiter pédagogiquement les visites scolaires avec des prolongements de travail en classe , ( ce qui à mon avis n’est pas le cas ).  il est par ailleurs certain qu’avec des contributions modestes des enfants, nos musées seraient dans une meilleure situation financière et amélioreraient les offre pédagogique. Les musées pourraient également se déplacer au niveau des établissements et faire profiter les enfants de ce qu’on appelle la valise pédagogique

L'enseignement de la philosophie :

Face aux critiques adressées à l'enseignement de la philosophie, (comme quoi cette discipline fait échouer les élèves au baccalauréat), la réponse des concepteurs de programmes et épreuves a été à mon sens perverse, elle à permis de faire monter les notes en sacrifiant tout simplement la réflexion philosophique et en encourageant le parcoeurisme.

Deux décisions à mon sens inopportune ont  permis cela,  la première à consisté à lister une série de problématiques à "apprendre" , la seconde à casser en morceaux l'exercice par excellence de philosophie qui est la dissertation dialectique en inventant  et en imposant des micro exercice , comme la défense d'une thèse ou sa critique , faisant perdre à l'exercice philosophique sa finalité qui est la recherche de la vérité , (même si cette vérité est une vérité relative et peut être individuelle ) et en le réduisant à un exercice d'argumentation sans conviction et sans engagement  .

A mon avis, le programme de philosophie n'est pas à corriger mais à réécrire complètement, l’approche par compétence que les concepteurs se sont imposés comme cadre de référence semble avoir rendu le programme illisible et incompréhensible. Le programme use d'une terminologie et de formulations qui laissent  penser que l' approche par compétence  est mal comprise  , on peut relever par exemple le fait que la compétence est réduite à la connaissance puisque la situation d'investissement de la connaissance n'est pas définie , on peut observer également une imprécision des concepts  utilisés ( difficile de saisir par exemple  la  différence entre compétences relatives à un axe d'étude  et compétences particulières ) , et  d'autres  confusions terminologique telle que la   confusion entre contenu de connaissance et problématique...etc . En cas de besoin je peux montrer dans le détail les imprécisions et les confusions qui frôlent le syncrétisme dans les formulations du programme.

Tout le bricolage conceptuel pour se fondre dans le moule de l'approche par compétence est à mon sens inutile et manque de pertinence , car tout simplement l'approche par compétence va de soi dans l'enseignement de la philosophie , la finalité de l'enseignement de la philosophie n'est pas de développer une connaissance qu'on investirait  dans des situations qu'on peut identifier et recenser , mais de développer une compétence générale de production d' un discours philosophique sous forme d'analyse et de commentaire de texte et de dissertation dialectique. Toute la difficulté de l'exercice est de concevoir une approche   permettant à la fois de traiter des problématiques et de progressivement construire par l'exercice ces deux compétences.

Les tentatives visant à intégrer l’enseignement de la philosophie dans une démarche utilitaire au service d’une préparation des jeunes au marché du travail, revient à tenter de domestiquer l’enseignement de la philosophie et lui ferait perdre son sens et ses apports à la formation d’un individu libre  et autonome,  faisant preuve d’esprit critique et capable d’engagement humain et politique .

D'autres sources de malaises peuvent être évoquées, sans être exhaustif on peut citer :

  1. L'intégration des problématique de la pensée musulmane qui n'est pas toujours réussie, tout simplement parce qu'on refuse d'aborder frontalement la question de la pensée religieuse et les notions qui lui sont attachées,
  2. L'intérêt insuffisant accordé aux textes et à la culture philosophique, ce qui mène à une négligence quasi-totale grave de l'analyse et du commentaire de texte par les élèves. c’est grave, car on a tendance à faire croire aux jeune qu’il peuvent philosopher en dehors de la culture philosophique Il me semble nécessaire de renforcer cet aspect et même d'introduire l'étude de texte comme un exercice obligatoire au baccalauréat.
  3. La formation des enseignants et même des inspecteurs, plus qu'insuffisante en matière d’épistémologie, de méthodologie et de philosophie des sciences qu'il faut nécessairement renforcer et améliorer

Compte tenu de tout cela, plusieurs   objectifs doivent être visés à travers une réforme sérieuse de cet enseignement :

  • Rendre le programme plus clair, plus lisible, mieux structuré et plus cohérent.
  • Mettre l'analyse et le commentaire du texte, ainsi que la dissertation dialectique au centre de cet enseignement tout en réfléchissant à des exercices et des situation qui visent le  développement des capacités que les didacticiens ont retenu pour l'enseignement  de la philosophie : problématisation , conceptualisation et  argumentation  sans perdre de vue la nécessité de les intégrer
  • Identifier les pré-requis nécessaires pour cet enseignement et préparer cet enseignement aussi bien sur le plan des compétences discursives que des attitudes. Diverses expériences d'enseignement de la philosophie sont tentées avec succès à un âge plus avancé, il faut voir dans quelle mesure ses expériences pourraient enrichir les activités pédagogiques dans les autres disciplines pour préparer cet enseignement à la fin du secondaire.
  • Le choix des textes à étudier et analyser est structurant, il doit être au cœur même de l'enseignement de cette discipline. Il est impératif de lister les philosophes et les intellectuels qui méritent d'être étudiés en rapport avec les notions, les thématiques et les problématiques du programme. La confrontation de textes traitant d'une même problématique pourrait être une bonne manière de concevoir des cours, tout en incitant et habituant les élèves à lire et à préparer leur cours. Il est également important de montrer qu’un texte sélectionné pour étudier une notion et une problématique particulière, fait partie d'un courant ou d'une théorie et que le positionnement sur une question particulière n'est pas gratuit et constitue un enjeu politique, culturel ou social lié à une époque et un contexte historique.
  • Faire la jonction entre les débats sociétaux et politiques et la philosophie pour montrer l’importance et les enjeux de cet enseignement. faire réfléchir les jeunes sur des problématiques en rapport avec les questions cruciales de notre monde et plus particulièrement en rapport avec les débats qui secouent notre aire civilisationelle  ( les problématiques de l’aliénation culturelle , de la liberté de pensée et de croire , du rapport au patrimoine, la consommation et la publicité  ..etc)  permettra de rendre cet enseignement plus intéressant et motivant. Cela permettra également d’apporter des changements significatifs dans la manière de travailler, en partant du réel et du quotidien on peut travailler sur des images, des caricatures, des articles de presse,  les analyser afin de problématiser et de développer une réflexion libre tout en la liant à l’héritage philosophique.
  • Sortir de la liste exhaustive et fermée des problématiques à étudier et à apprendre , et faire comprendre  que la combinaison des notions et des contextes peut donner lieu à une multitude de problématique et que  pour réussir l'épreuve de philosophie il ne suffit pas d'apprendre par coeur une liste de dissertation , mais de maitriser les compétences  de problématisation, de conceptualisation et argumentation.

 

L'éducation religieuse :

Cet enseignement est au cœur des polémiques et affrontements idéologiques qui secouent l'école Algérienne. A mon avis , tous ceux qui appellent à son abandon ne sont pas réalistes et occultent des aspects positifs de cet enseignement car l'enfant Algérien subit des discours religieux extrémistes agressifs et dangereux et qu'il est nécessaire que l'école puisse apporter un discours religieux plus modéré plus universaliste, plus rassembleur et plus moderne pour apporter un contrepoids à ces discours destructeurs. Nous avons de ce fait l'obligation de produire un discours clair et consensuel autour de cet enseignement et à le mettre en oeuvre . La réforme qui est déjà engagée de cet enseignement doit se renforcer et s’approfondir.

Cet enseignement dans sa conception, sa programmation et son déroulement doit insister sur le fait que le rôle de l'école doit être différent et complémentaire du rôle de la mosquée et des parents. L'école doit former les esprit à la réflexion et au jugement et à intégrer l'enfant dans un monde ou un certains nombre de valeurs universelles s'imposent à tous les peuples ( égalité des sexes , respect des droits de l'homme , tolérance religieuse , valorisation de la science et du travail ..etc)

l'éducation religieuse au primaire et même au moyen doit partir d'histoires  des prophètes et d'anecdotes en rapport avec la vie du prophète de l'islam ,  afin d’enraciner des valeurs humaines universelle , elle doit éviter l'apprentissage mécanique sans compréhension du texte coranique et elle doit susciter l'analyse et la réflexion  . En procédant de la sorte, cet enseignement deviendra plus motivant et enrichissant.

Les récits et histoire des prophètes peuvent et doivent donner lieu à des analyses modernes du texte coranique en rapport avec notre monde et/ ou en explicitant la symbolique de ces histoires, à titre d'exemple le récit du déluge de sidna noh peut être relié pertinemment aux préoccupation écologiques de notre temps et en particulier à la protection des espèces  , le récit du sacrifice du prophète abraham peut être lu et expliqué comme une rupture avec le sacrifice humain et une métamorphose de l'image de dieu qui donne la vie au lieu de la prendre ...etc.  Il revient aux concepteurs du programme de faire cet effort de réflexion et d'analyse qui sera tellement utile et important dans notre compréhension et notre pratique religieuse.

Cet enseignement gagnerais aussi  à éviter les détails et la surcharge de la mémoire  comme on le constate malheureusement dans les programmes du moyen en particulier . Et plutôt que d'insister sur les rites et les règles de la charia , étant donné que la prise en charge de  cette dimension de l'éducation  religieuse peut être laissée à la mosquée et aux parents , l'éducation islamique  gagnerais à mettre l'accent sur la pensée religieuse, ses fondements et  ses valeurs et à faire réfléchir de façon critique les jeunes  sur la manière dont elle est comprise et appliquée dans la vie de tout les jours . La formation de l'esprit critique en matière de pensée et de pratique religieuse apparait aujourd’hui revêtir un caractère de nécessité absolue pour prévenir l'embrigadement idéologique et politique, ainsi que l'obscurantisme et l'extrémisme violent susceptibles de menacer la paix et la stabilité de la société.

l'enseignement des mathématiques

Cet enseignement malgré son importance stratégique est en crise depuis des années, ce serait prétentieux de ma part de prétendre être en mesure d'apporter une analyse précise et exhaustives des difficultés et proposer des solutions pour les dépasser, mais faute d'études et de recherches et de débats publics sur cet enseignement,  je me permet de proposer des pistes de réflexion à partir d'observations certes limitées mais réelles.

Tout d’abord malgré le riche héritage de la psychologie génétique en ce qui concerne l’acquisition des notions mathématiques et l’importance de la manipulation sensori-motrice au primaire, on constate malheureusement que nos écoles n’utilisent pas de matériel concret qui permet la manipulation des nombres et des formes .A l’étranger ; en chine et ailleurs ; on a construit une véritable révolution dans les acquisitions mathématiques au primaire grâce à l’utilisation d’un matériel adapté.  Cette « révolution » associée à certains enseignements des neurosciences arrive en France et constitue une réponse à l’échec scolaire dès le préscolaire.

Dans ce domaine, il me semble qu’on gagnerait énormément en développant la coopération avec la chine et d’autres pays qui raflent depuis des années les premières places aux olympiades de mathématique.

L’enseignement des mathématiques en général est à la fois une transmission de connaissances, et une discipline intellectuelle permettant de formaliser un problème et d'apprendre à le résoudre. Ce second aspect de cette discipline  semble être négligé ou  mal pris en charge , on apprend les mathématique mais très mal ou très peu la pensée mathématique ou comment réfléchir mathématiquement  , souvent les jeunes sont désarmés face à leurs exercices  ou problèmes , ils recourent la plupart du temps à la reproduction de solutions apprises , on ne leur apprend pas à appréhender un problème   de façon méthodique  à faire appel à l'observation , la comparaison , la déduction et l'exploitation des théories abordées dans le cours de façon organisée et rigoureuse, comme on ne leur apprend pas à tester la pertinence de leur réponse et à s'auto-corriger ( au cas ou le résultat atteint est aberrant) . Les enfants ont tendance à penser que la résolution d'un problème est plus le fruit de l'intuition ou de la reproduction de solutions déjà étudiés (le plus souvent données par l'enseignant) ou même du hasard, que d'un travail méthodique d'examen de données de questionnement d'hypothèse et de vérification d’hypothèses. En mettant l'accent sur l'enseignement des mathématiques plutôt que l'apprentissage de la pensée mathématique et la résolution des problèmes, cet enseignement perd de sa valeur en tant que discipline favorisant le développement intellectuel, et l'apprentissage de la discipline dans le travail et la rigueur.

Par ailleurs, l'approche par compétence qui était sensé promouvoir un enseignement des mathématiques en rapport avec des problèmes scientifiques et /ou de la vie quotidienne n'à pas à mon avis été réellement engagée, l'enseignement des mathématiques d'après mes observations dans le moyen en particulier reste un enseignement traditionnel coupé de la réalité .

Cet enseignement souffre également de surcharge , les concepteurs des programmes se sentent obligés  de transmettre une masse importante de connaissance au détriment de la qualité des apprentissages , cette surcharge concerne également les exercices proposés , chaque cours au niveau du manuel est suivi d'une multitude d'exercices , l'hypothèse sous jacente , c'est qu'en multipliant les exercices,  l'élève va  mieux comprendre les éléments du cours et améliorer automatiquement ses capacités  de résolution de problème , ce qui à mon avis est faux , on gagnerais à ce que l'intérêt se déplace plutôt vers la qualité de l'exercice. Ce qui veut dire amener l'enfant à prendre conscience de sa manière de réfléchir et de travailler et la dépasser en adoptant une démarche faite de concentration sur les éléments du problème et la méthode de résolution. A cet effet on gagnerait à ce que la démarche soit consignée sous forme d'algorithme de résolution construit en classe par les élèves eux même.

Cet enseignement doit par ailleurs changer d'image,  il doit cesser d'être appréhendé comme un enseignement difficile accessible uniquement aux plus intelligents , donc démotivant pour la majorité des élèves , pour devenir un enseignement attractif nous devons donner  la possibilité aux enfants de faire de la recherche , d'investir la réalité pour  mieux percevoir l'ordre du monde et de résoudre les problèmes de la vie quotidienne et leur permettant même de créer et d'explorer des mondes mathématiques traduits dans de belles formes visuelles  . L’usage de l’informatique pourrait contribuer énormément à cette révolution. L’ordinateur peut entre-autre faire découvrir les constantes et les démarches mathématique à travers le dessin et la manipulation des formes , à titre d’exemple , pour pouvoir construire une étoile , l’enfant doit comprendre que la somme des angles d’un cercle est de 360 degrés et qu’il faut qu’il puisse trouver une  méthode pour diviser cet angles en 5  parties égales , ce qui en fin de compte constitue un dépassement de la vision intuitive qu’on peut avoir d’un angle ( un angle de 360 degrés se réduit en fin de compte à un point ) .

Plus que pour d'autres disciplines , l'émulation et le jeu peuvent jouer un rôle important pour amener les enfants à mieux  s'investir et apprendre , il me semble de ce fait pertinent d'organiser des concours à tous les niveaux et de développer des  manifestations permettant une approche ludique  des mathématiques , l'utilisation de l'ordinateur peut jouer un rôle très important dans cette perspective .

Il est extrêmement important par ailleurs de former nos enseignants à la didactique des mathématiques ,  la recherche a mis en particulier en valeur deux notions fondamentales  pour expliquer les difficultés des élèves dans cette discipline , la notion de contrat pédagogique entre l’élève , l’enseignant et la matière , (l’enfant est en difficulté quand il ne comprend pas très bien ce qui est attendu de lui , ce qui est important et ce qui est accessoire …etc ). la seconde notion c’est celle de conflit cognitif et la difficulté de dépasser l’intuition et des connaissances antérieurs, prendre conscience des obstacles épistémologique permet de mieux maitriser son cours et de mieux aider les enfants

Rentrée scolaire 2022 : voici comment les écoliers algériens ont réagi à la  leçon d'anglais (vidéo)

L’enseignement des langues étrangères :

Qu’on le veuille ou non , nos jeunes vivront dans un monde de plus en plus connecté et mondialisé , il ne suffit plus de connaitre ou de maitriser une langue étrangère , il devient de plus en plus important de savoir communiquer et d’être capable de défendre , son pays , sa société , ses valeurs , ses intérêts économiques et de peser sur l’avenir du monde .Plus que jamais on doit promouvoir un enseignement qui sensibilise aux enjeux de la communication et qui fait la promotion des compétences dans ce domaines ( compétences qui ne se réduisent pas aux compétences linguistiques )

Il m’a semblé observer ces dernières années un véritable engouement pour l’apprentissage et la pratique des langues étrangères au niveau de certaines couches sociales,  cet engouement est fortement lié à l’accès  à internet , malheureusement le système éducatif semble étranger à la révolution internet , de ce fait les effets de la fracture numérique vont se ressentir particulièrement dans ce domaine .

 De plus , l’enseignement des langues semble tourner le dos aux apports des nouveaux médias qui sont d’une grande utilité car ils peuvent réduire le fossé entre l’enfant et les situations de communication concrètes et réelles .L’audiovisuel et l’interactivité que permettent les NTIC peuvent faciliter la pratique de l’approche communicative et rendre cet enseignement plus motivant , ils peuvent également permettre des  ouvertures intéressantes sur les sociétés étrangères  de façon didactique et formelle , mais également de façon informelle .  l’éducation nationale devrait réfléchir et mener des expériences pour exploiter au mieux internet en général et les réseaux sociaux en particulier, des jumelages d’écoles et de classes peuvent être envisagées et pourquoi pas pour les classes supérieurs on peut envisager l’organisation de débats avec des jeunes d’autres pays autour de questions d’intérêt communs , Sur le net on peut trouver d’excellents jeu et vidéo qui peuvent faciliter l’apprentissage du français de l’anglais et d’autres langues encore il est important d’exploiter ces trésors et ouvrir la voie à l’exploitation du multimédia et de l’interactivité dans l’enseignement des langues .

En ce qui concerne le français, son enseignement pose à mon avis beaucoup de questions et de problème. Le statut de cette langue comme langue étrangère ne semble pas totalement acquis , de plus les changement d’horaire , de programme et  d’approche  ont créé une situation de faible maitrise de cet enseignement  ,ce qui apparait à mon avis de façon flagrante à travers les difficultés de  lecture , même au CEM  on peut constater que les enfants ne lisent pas couramment et butent sur un grand nombre de mots  et souvent leur prononciation laisse à désirer . A ce niveau également les écart sociaux sont de plus en plus en plus importants , Dans les grandes villes l’utilisation courante du français améliore les performances alors que dans les campagne en particulier au ce qui concerne les enfants de parents analphabètes ou monolingue, les acquisitions sont déplorables . Je peux affirmer à partir  d’observations certes limitées , que dans cet enseignement et également dans l’enseignement de l’arabe , les résultats ne sont pas à la hauteur de  l’investissement en temps et en moyens consentis . 

En ce qui concerne cet enseignement, je peux recommander d’abord de clarifier le statut de cette langue et de la considérer une fois pour toute comme une langue étrangère, c'est-à-dire un outil de communication avec une société étrangère. De ne pas se satisfaire des évaluations aux examens qui ne reflètent en rien un niveau réel de maitrise de cette langue et de lancer une opération d’évaluation globale ( La coopération dans ce domaine avec la France pourrait être utile) ,  enfin de  mettre l’accent sur la maitrise de la lecture, et le développement de l’écoute, sans ces deux compétences on ne peut construire une maitrise de cette langue et un accès au savoir à travers le français .

Enfin il me semble qu’il est important de penser à l’introduction de l’enseignement d’autres  langues qui prennent de plus en plus d’importance dans notre monde d’aujourd’hui , je pense au mandarin , au japonais et au russe   pour s’ouvrir sur d’autres cultures  et faciliter les échanges dans tous les domaines . Les systèmes d’écriture et de pensée en ce qui concerne  le mandarin et le japonais étant  très différents de l’arabe , et des langues occidentales , leur enseignements pourrait être source d’un enrichissement intellectuel des plus intéressants .

Enseignement des sciences :

Les pédagogues « progressistes » ont souvent insisté sur l ‘option scientifique et technique de l’école Algérienne , ils  ont longtemps fait preuve d’optimisme et pensé que l’enseignement des sciences pourrait aboutir à des comportements plus rationnels, face aux défis de la vie en matière de santé, de consommation, d’exploitation des ressources…etc et arriver à bout de la pensée magique, de la superstition et de l’obscurantisme . Malheureusement, nous constatons que ce n’est pas le cas, les représentations du monde préscientifique pèsent lourdement sur la représentation du monde et peuvent constituer un obstacle à l’accès à la pensée scientifique et à la formation de futurs chercheurs.

Au vue des poussées d’obscurantisme,  de charlatanisme et de visions religieuses hégémoniques et intégristes au sein des sociétés musulmanes en général ,  La problématique des obstacles à l’accès à la pensée scientifique doit faire sérieusement , l’objet de réflexion et de recherche pour à la fois aller vers une société plus rationnelle et en même temps créer les conditions pour que la formation scientifique ne soit pas perturbée par des convictions qui vont à l’encontre du progrès scientifique.

Il est de ce fait important de repenser les finalités et les buts des enseignements scientifiques, pour que la formation de l’esprit scientifique soit hissée au niveau des priorités

Comme pour les mathématiques, il me semble que notre système éducatif vise plus à inculquer des savoirs et des savoirs faire (ce qui n’est pas bien entendu inutile) plutôt que de développer l’esprit scientifique, et pourtant les enseignants et les inspecteurs ne peuvent pas ignorer ce qu’est la méthode expérimentale et son importance dans les découvertes et les progrès scientifiques.

Dès leur plus jeunes âge , les enfants doivent être initiés à la méthode expérimentale , il faut que nos enseignants comprennent que l’observation ne va pas de soi et qu’il faut tout un apprentissage pour la maitriser , et qu’au lieu de donner des connaissances toutes faites il faudrait apprendre aux enfants à faire des hypothèses et tenter de  les vérifier tout en développant la réflexion.

Dans la perspective du développement intellectuel à travers l’enseignement des sciences et en vue de la formation de la pensée scientifique, il faudrait que nos enfants apprennent à utiliser l’induction, la déduction, l’argumentation et la formulation de la preuve. Il serait d’une grande importance pour leur formation qu’ils soient mis face, non seulement aux expériences concrètes mais également aux expériences de pensée, d’où la nécessité d’intégrer des éléments pertinents de l’histoire des sciences en rapport avec les sujets abordés.

Dans la construction des curriculas , une certaine marge de manœuvre doit être accordée aux enseignants pour qu’ils puissent accompagner les enfants dans des projets de recherche individuel ou en groupe , il est important que nos enfants apprennent à se poser des questions à ne pas se contenter des réponses évidentes et à chercher la réponse dans la littérature scientifique et à travers une démarche scientifique . Le jeune enfant à partir de 4 ans, a tendance à se poser toutes sortes de questions en rapport avec son environnement, il est important que cette tendance au questionnement ne soit pas inhibée, elle doit même être encouragée.

Des problèmes de la vie quotidienne peuvent devenir objet de recherche et pousser l’enfant à dépasser sa connaissance intuitive souvent fausse et retrouver et utiliser les concepts scientifiques.

Il est évident, que dans ce domaine comme d’autres, la formation des enseignants doit être profondément revue et améliorée comme il est important de créer un environnement favorable à la réflexion pédagogique, à l’innovation et l’échange d’expériences.

Dans ce domaine, l’innovation passe entre autre par une meilleure exploitation de l’outil informatique , l’ordinateur peut  être d’une grande utilité pour l’enseignement des sciences , il peut être un excellent moyen pour simuler des phénomènes physique ou écologiques complexes et  peut fournir des données à analyser, il peut compenser le manque de moyens de laboratoire et permet de programmer des séquences pédagogiques interactives  incluant l’observation , l’analyse des données , la formulation d’hypothèses pour aboutir à la formulation de lois .

Apprentissages transversaux

En plus des compétences fondamentales de lecture, d’écriture de compréhension et d’expression et même de calcul, nous pensons que l’école algérienne doit focaliser son attention sur trois autres axes d’éducation qui doivent être disséminés à travers différents programmes.

 

Les compétences de la vie :

Les psychologues ont mis en relief l’importance de certaines acquisitions regroupés sous l’expression compétences de la vie pour expliquer tout un ensemble de comportement déviants et de problèmes de santé mentales. L’addiction à la drogue et à l’alcool, les problèmes de nutrition, les comportements violents, l’inhibition sociale, l’échec scolaire, certains problèmes psychosomatiques …etc sont intimement liés à des déficits dans l’estime de soi , la mauvaise gestion du stress , la peur de l’autre , la peur paralysante de l’échec …etc. Ces compétences transversales ont été également considérées comme des conditions nécessaires à la réussite scolaire et à l’insertion sociales professionnelles

Compte tenu de ces observations, les pédagogues à travers le monde ont développé des curriculas et des activités pédagogiques pour aider les enfants à acquérir ces compétences de la vie, ces curricula tournent autour de plusieurs thématiques, comme l’estime de soi, la gestion du stress, la résolution pacifiques des conflits,  la communication , la gestion du temps la gestion de la santé …etc . Il est important pour nos enseignants et nos élèves que ce concept soit pris en charge et que des activités d’expression et d’évaluation soient programmées et organisées. L’expérience internationale est riche dans ce domaine, il faudrait mettre en place une équipe pour compiler les expériences les analyser et proposer des éléments de curricula tout en préparant et en accompagnant les enseignants pour prendre en charge ces compétences.

L’éducation aux médias

La place qu’occupe les medias dans notre vie est chaque jour plus grande, avec les réseaux  sociaux la communication est de plus en plus médiatisée , connectée et globalisée , il n’est pas rare de constater aujourd’hui que des jeunes ne communiquent plus avec leur parents ou leurs famille ou amis directement mais à travers internet , et que parfois ils sont plus au courant de ce qui se passe à l’autre bout du monde plutôt que ce qui se passe à côté de chez eux.

La démocratisation d’internet la prolifération des chaines satellitaires, la place de plus en plus grande que prend l’image dans la communication, pose d’énormes défis aux sociétés humaines et soulève de multiples problèmes. Les politiques et les pédagogues sont mis face à de multiples problématiques auxquels ils doivent apporter des réponses

Voici quelques questions fondamentales qui méritent réflexion et prise en charge pédagogique :

  • Comment sensibiliser à la cybercriminalité
  • Comment apprendre aux enfants à protéger leur vie privée et celle des autres à observer certaines règles éthiques dans la communication, à éviter les pièges du narcissisme et cette tendance à se mettre en scène en permanence et ne pas tomber dans les pièges du fétichisme des objets et de la société de consommation. Etant entendu que la promotion de l’autonomie à l’échelle de l’individu et de la société ainsi que le développement durable doivent aller nécessairement à l’encontre de la surconsommation et nécessitent le développement d’attitudes critiques par rapport à la publicité sous toutes ses formes)
  • Comment apprendre à lire les images, à les décoder à faire preuve de sens critique et à éviter la manipulation à travers le choix et la manipulation des images (ce qui devient courant)
  • Comment défendre et promouvoir la diversité face à l’hégémonie des formes culturelles dominantes, promouvoir et défendre le patrimoine culturel national et résister à l’aliénation.
  • Comment apprendre à chercher l’information pertinente à confronter les informations et se montrer vigilant et critique par rapport aux fausses nouvelles et à la manipulation
  • Comment s’impliquer au niveau des débats planétaire et apprendre à peser sur l’opinion mondiale et défendre les causes humaines justes en rapport avec les intérêts de sa société et de l’humanité.

La réflexion doit porter non seulement sur les problématiques et thématiques à intégrer au niveau des programmes, mais également sur les approches et les méthodes permettant de dispenser ces nouveaux contenus. Il est évident que l’école algérienne doit dépasser les méthodes classiques qui ont encore cours dans l’éducation civique, religieuse et ailleurs et qui consistent à transmettre un savoir formalisé et demander à l’élève de le mémoriser. Il est nécessaire de faire appel aux méthode active de partir des connaissances, des pratiques, des perceptions et attitudes des enfants de les discuter et de confronter les enfants à des situations concrètes pour les analyser , les disséquer et tirer les leçons . Il est évident qu’on ne peut aborder ces thématiques sans faire appel aux possibilités de l’ordinateur pour diffuser des contenus multimédias (vidéo, images, séquences audio, caricatures..etc..). 

Algérie : comment alléger le poids du cartable scolaire ? - Algérie Focus

L’éducation à l’environnement et au développement durable:

Les problématiques liées à l’environnement sont devenue des questions cruciales de premier ordre dans les préoccupations de l’humanité, ils doivent également le devenir pour nos enfants. L’école Algérienne doit accompagner les efforts de l’Algérie en vue de la réalisation des objectifs de préservation et d’amélioration de l’environnement :  la concrétisation de  la transition énergétique ,  la réduction des émission de carbone et la lutte contre le réchauffement climatique et ses effets  , la lutte contre la désertification et de plus en plus la lutte contre les incendies et la régression de la couverture végétale , la préservation des ressources en eau en quantité et qualité et la satisfaction des besoins en eau de la population  , la préservation et la valorisation des terres agricoles , la lutte contre la pollution atmosphérique , la préservation de la diversité biologique ,  la préservation des espèces menacés, l’amélioration de la gestion des déchets et le  développement du recyclage  .

 Il est certain que beaucoup de choses se font à travers les différents programmes mais il est également certain que beaucoup reste à faire. Nous pensons que les efforts doivent être orientés en vue :

- D’évaluer les contenus actuels et voir dans quelle mesure ils permettent l’acquisition de connaissances, de compétences et d’attitude favorables à la préservation de l’environnement et du développement durable.

- De mieux contextualiser les problèmes et aller vers des études de cas et analyses en rapport avec le contexte national, les cours de géographie doivent être enrichis dans cette perspectives.

-De faire réfléchir les enfants sur leurs pratiques et analyser leurs conséquences

- d’utiliser les programmes informatiques pour faire comprendre aux enfants la complexité des systèmes et faire des simulation et exploiter l’expérience menée avec l’unicef autour de l’éducation globale pour construire des curricula qui permettent aux enfants de faire  la relation entre le local et l’international , la relation entre les différentes thématiques et les problématiques et à voir les problèmes dans une perspective temporelle et prédire leur évolution  pour ne pas mésestimer les problème ou les dramatiser outre mesure

-De développer des attitudes proactives chez les enfants et ne pas se limiter à une transmission des connaissances, le changement d’attitude et de comportement doit commencer au sein même de l’école en ce qui concerne la gestion des ressources, la gestion des déchets, le recyclage, les économies de l’eau et de l’énergie, la solidarité internationale …etc.

Cette dimension de l’éducation nécessite plus que d’autres (peut-être) une focalisation sur les méthodes actives, l’animation et le travail de réseau, les clubs environnement, doivent être mieux suivis dans leurs activités, mieux orientés, et mis en réseau, des projets d’établissement doivent être élaborés et des coordinations au niveau local et national doivent être établies

Compétences en matière de maitrise des technologies numérique

Les applications informatiques sont aujourd’hui au cœur de tous les processus de modernisation de la gestion, de simulation et de calculs scientifique, de création artistique, de conception et d’automatisation..Etc. Il est important que nos enfants puissent exploiter différents logiciels et applications en rapport avec les différentes disciplines qu’ils étudient, mais il est encore plus important qu’ils apprennent à programmer et à comprendre comment fonctionnent les langages de programmation. Cela peut sembler utopique pour certains mais ce n’est pas du tout le cas , des concepteurs de langage et de logiciels ont mis au point des langages accessibles aux enfants comme etoys , scratch , alice et d’autres , ce qu’on appelle les langages par brique de programmation .Ces outils de programmation peuvent être exploités dans les différentes disciplines ; pour dessiner , faire de la musique , raconter une histoire , calculer la surface d’un pays , faire des simulation de phénomènes physique …etc. Cette utilisation de l’informatique permettra non seulement de se familiariser avec les  langages de programmation mais également de développer la pensée algorithmique et  l’autonomie d’apprentissage de  l’enfant qui est  mis en situation d’expérimenter et de créer en toute liberté , son activité de recherche et de création sera à la fois médiatisée et régulée par le programme informatique  et la réponse de l’ordinateur lui servira de feed back pour se corriger .

Au lycée on peut aller plus loin et associer l’informatique à la programmation d’automates programmable pour réaliser une multitude de petit projets dans le cadre des activités de clubs technologique

 

Complémentarité et interdisciplinarité :

Sans entrer dans une discussion approfondie sur les concepts, peut affirmer que les discipliner et les enseignants doivent communiquer entre eux, pour gérer les enseignements transversaux, pour coordonner les progressions pédagogiques et envisager des espaces de collaboration thématiques entre eux .La complémentarité entre les disciplines ne doit pas être laissée seulement au soin des enseignants elle doit être envisagée au niveau même de la conception des curricula. Cette complémentarité et interdisciplinarité peut être envisagée autour de plusieurs axes nous citerons à titre d’exemple :

Le travail sur le discours qui doit en principe impliquer de façon coordonnée les différents enseignement des langues, certaines disciplines peuvent jouer un rôle moteur dans ce domaine, l’enseignement du français semble plus en avance sur l’enseignement de l’arabe sur ce plan , il est important donc que les notions  de catégorie de discours, d’argumentation , de modalisation …etc enseignés en français soient exploités et approfondie en arabe et en anglais . Il est important à ce sujet également de voir dans quelle mesure les enseignements des langues et du discours répondent au besoin de l’enseignement de la philosophie et préparent les jeunes à rédiger des dissertations les déficits dans la compréhension de textes et la rédaction doivent être identifiés et on doit travailler en amont à les combler.

La philosophie des sciences est également un terrain de collaboration important entre l’enseignement de la physique et des sciences naturelles et la philosophie , il est à constater malheureusement que la formation des professeurs de philosophie est insuffisante sur le plan scientifique pour bien profiter de ces enseignements , à titre d’exemple en physique les élèves de seconde sont confronté à une expérience de pensée pour démontrer la loi d’inertie , mais à aucun moment la notion d’expérience de pensée n’est abordée en philosophie , en génétique on parle de code génétique ce qui renvoit à une certaine conception de transmission de l’information mais cette notion de code bien particulier n’est pas du tout  abordée en philosophie …etc.

Complémentarité entre les mathématiques et la physique, il est courant qu’en physique on utilise les formules mathématiques, mais il me semble qu’en mathématique on fait rarement référence à l’abstraction à partir de phénomènes physiques, il serait intéressant de travailler avec les enfant à la modélisation et la représentation mathématique des mouvements et des mécanismes, cela pourrait enlever aux concepts mathématiques leur caractère mystérieux et desincarné.  le cycloide ou la fonction sinusoidale ne sont en fait que des abstraction de mouvements, à partir de certains mécanismes on peut aboutir à des constructions mathématiques complexes, certains comme le cycloïde peut faire l’objet d’un travail pédagogique et au lieu que le jeune soit confronté à des théories toutes faites il sera amené à modéliser et à comprendre que les mathématiques sont des constructions pour décrire des phénomènes et prévoir leur évolution.

D’autres domaines de complémentarité peuvent être envisagés entre l’histoire et les discipline scientifiques , on peut souligner l’importance que certaines connaissances  scientifiques et inventions ont joué dans le développement des civilisation tout en approfondissant la connaissance de  ces découvertes et inventions dans les cours de science et de physique .

Enfin l’enseignement de l’informatique peut établir des relations de complémentarité pratiquement avec toutes les disciplines, on peut grâce à l’informatique schématiser des connaissances et les représenter, modéliser des problèmes et des phénomènes, représenter des édifices historiques pour pouvoir faire réfléchir à leur construction …etc.

Comment apporter ces changements au niveau des curricula, des approches et des méthodes pédagogiques 

La gestion des curriculas

L’expérience des réformes montre que le changements de programmes et de manuels ont été entravé par un ensemble de facteurs qui ont eu des répercussions négatives sur ces réformes et qu’il faut absolument corriger.

  • Absence d’un organe de recherche et d’évaluation sur les curriculas ( on vient juste d’installer le conseil national des programmes )
  • Précipitation dans les réformes et absence quasi-totale de préparation des enseignants aux changements introduits dans les programmes.
  • Absence de visions globale du curricula
  • Focalisation sur le manuel scolaire (le manuel précède parfois le programme)
  • faible relation du secteur de l’éducation avec les autres secteurs ( ce qui fait que la demande sociale en matière de réforme n’est pas bien formulée et n’est pas prise en charge ) .
  • Niveau de formation insuffisant des concepteurs de programmes (Dans beaucoup de disciplines, l’inspecteur n’a reçu aucune formation universitaire approfondie en didactique ou en conception des curriculas )
  • Centralisme excessif, et obsession de l’uniformité, ce qui empêche les enseignants de faire des expériences de les évaluer et de promouvoir des innovations.
  • Retard énorme incompréhensible dans l’intégration des NTIC

Entre coronavirus et référendum, l'étrange rentrée scolaire en Algérie

La formation des enseignants et professeurs :

La formation reste le talon d’Achille de l’éducation nationale. Pour élever le niveau de compétence des enseignants il faut à la fois assurer la formation initiale pour l’ensemble des profils ; mais également la formation continue et en situation .Malheureusement beaucoup d’enseignants sont envoyés en classe sans formation ou très peu , les lacunes peuvent se situer au niveau pédagogique mais également au niveau des  disciplines qu’ils enseignent , à titre d’exemple , beaucoup d’enseignants d’histoire n’ont pratiquement jamais reçu de formation en géographie , et beaucoup d’enseignants débarquent en classe sans qu’il disposent des compétences nécessaires pour gérer le groupe classe . Sans une formation approfondie, les enseignants ne feront que reproduire les modèles des enseignants qu’ils ont subis et ne peuvent s’adapter aux exigences d’une école moderne.

Au vue de l’écart qui existe entre les représentations, comportements et  attitudes des enseignants modelés par l’école traditionnelle et les exigences d’une école moderne , le défi à relever est énorme , les enseignants doivent rompre avec leur conceptions autoritaristes de l’école , avec leur vision de leur métier qui consiste à dominer la classe et transmettre des contenus à mémoriser et leur vision de l’apprenant  réduit à une pâte à modeler . Une école moderne, c’est une école plus démocratique, qui met l’accent sur l’apprenant et qui accorde de l’importance à sa dynamique

Il est important de construire un programme de formation sur la base des insuffisances et lacunes , ainsi que sur le système de  valeurs et les représentations  des enseignants , étant entendu que l’enseignant inconsciemment ou consciemment peut aller à l’encontre des objectifs du programme scolaire et peut induire chez élèves des comportements et des attitudes négatives par rapport à l’apprentissage et le développement des compétences . Nous le voyons très bien par exemple à travers le comportement de beaucoup de professeurs de philosophie qui poussent leur élèves au bachotage et à l’apprentissage mécanique d’un certain nombre de dissertation pour qu’ils puissent avoir leur moyenne au baccalauréat ce qui va à l’encontre des finalités de l’enseignement de la philosophie. Ce que les sociologues de l’éducation appellent « le curriculum caché » doit devenir manifeste  à partir d’un travail d’observation , de conscientisation et d’analyse , on doit à la fois mener des études pour savoir ce que les enseignants enseignent réellement et cibler les écarts et les déviations par un travail de formation et en même temps  développer chez l’enseignant la capacité d’analyser sa pratique pour qu’il puisse à chaque instant se poser la question de ce qu’il enseigne réellement, quels sont les contenus , les valeurs , les savoirs faire et les compétences qu’il transmet ou qu’il cherche à faire acquérir et déconstruire auprès de leurs élèves les effets négatifs de ce curriculum caché pour  qu'ils ne le reproduisent pas eux-mêmes auprès de leurs élèves.

 

La recherche s’impose pour concevoir une formation adaptée au profil des enseignants et leurs besoins de formations qu’ils soient exprimés par les enseignants eux même ou bien déduit de l’observation et de l’analyse de leur comportement en classe.

Par ailleurs, la formation initiale doit être complétée par le tutorat et un suivi en classe de la part des enseignants formateurs. Le statut juridique de ces enseignants existe mais malheureusement ce statut ne correspond à aucune mission réelle de formation exigée de ces enseignants. C’est juste un statut pour permettre une promotion des enseignants ayant une certaine expérience. 

L’innovation et l’expérimentation

Comme on peut tous le constater, les réformes ne donnent pas les résultats escomptés à cause de deux facteurs importants, la formation des enseignants et leur engagement . Les réformes sont souvent lancées par des cadres du ministère sans consultation des enseignants, et imposés aux enseignants sans préparation et formation suffisante. On ne peut obtenir un engagement réel des enseignants dans leur travail et dans la réforme si on ne leur accorde pas plus de confiance, si on ne valorise pas leurs expériences en classe et si on ne leur donne pas la possibilité d’innover . Avant de lancer des changements importants dans les curriculas comme par exemple l’introduction d’un enseignement orienté vers l’acquisition de ce qui est appelé communément les compétences de la vie, on peut très bien lancer une réflexion et un débat sur le concept, des formations des enseignants autour de ce concept et lancer avec les enseignants les plus motivés des expériences qu’il participeront à concevoir, à mener et à évaluer . Cela suppose un changement radical du rôle des inspecteurs qui doivent passer du rôle d’inspection à un rôle de formation mais surtout d’animation, d’encadrement et d’évaluation des expériences.

On peut également aisément grâce à internet,  lancer un travail en réseau diffuser les expériences, les discuter et les commenter par les enseignants à un niveau national et lancer une dynamique d’émulation et d’innovation. A partir des résultats de ce processus on peut par la suite choisir et retenir les expériences les plus prometteuses, les officialiser et les généraliser.

 L’innovation et l’engagement à large échelle de l’intelligence collective est nécessaire pour rattraper le retard dans l’intégration des  NTIC , le ministère à lui seul est incapable de recenser  les ressources d’enseignement qui existent au niveau du net pour les exploiter directement ou les adapter au contexte nationale ou s’en inspirer tout simplement pour développer des application informatiques . Le champ de l’innovation est immense dans ce domaine. Encourager les enseignants à faire preuve d’imagination et à exploiter les ressources disponibles en relation avec les objectifs du programme, les soutenir et les assister dans leurs projets et les récompenser doit devenir un axe prioritaire de la politique d’éducation dans notre pays.

Alger - Algérie Focus

L’évaluation pédagogique

La conception de l’évaluation pédagogique doit changer en profondeur, l’évaluation dans notre système elle se limite à une évaluation des performances par la notation, elle permet de classer les élèves , elle met la pression sur les enfants pour qu’ils accordent de l’importance à leurs études et fassent preuve de discipline , mais ne permet pas réellement de rendre compte des difficultés des enfants et leur insuffisances pour les aider à les surmonter , les bons élèves se motivent par l’obtention de bonnes notes les autres se désintéressent , décrochent ou acceptent les mauvais résultats comme une fatalité. Le système éducatif doit s’acheminer vers une évaluation formative qui permet aux enfants d’identifier leurs insuffisances et les corriger.

Une réflexion et un débat sur la culture de l’évaluation et les pratiques doivent être organisés pour que nous puissions dépasser les routines actuelles, critiquables à plus d’un titre. L’introduction de l’approche par compétence a été en grande partie limité dans son impact positif par  cette absence de débat et de réflexion sur l’évaluation , on a tenté de moderniser les contenus sans apporter de changement significatif à l’évaluation   Les enseignant doivent être amenés à se poser des questions sur ce qu’ils évaluent réellement, à quoi sert leur évaluation et quels sont ses effets.

Au niveau du primaire, la note doit être remplacée par une fiche d’évaluation exhaustive qui permet à la fois de mesurer les acquisitions mais également les savoirs faire et les savoirs être , à ce niveau en particulier , l’évaluation de la sociabilité , de l’autonomie , de la concentration et autres comportement et attitudes favorables à la scolarité et à la vie en général est aussi importante que l’évaluation des performances en mathématique ou en arabe .  En mettant l’accent sur ces comportements et attitudes non seulement on aidera l’enfant à promouvoir les bonnes attitudes et comportements, mais on aidera l’enseignant aussi à prendre conscience de leur importance et à regarder les enfants dont il a la charge dans leur globalité d’être humain à éduquer et promouvoir et non pas seulement comme une tête à remplir.

Dans les différentes disciplines au moyen et secondaire  , on doit tendre vers la diversification des pratiques d’ évaluation, on peut aller par exemple dans certaines disciplines vers des évaluations avec documents permis ( en histoire géographie en particulier )  pour rendre inutile le copiage et le bachotage et apprendre aux jeunes à exploiter les documents, à réfléchir  et à gérer le temps . comme on peut mener des expérience d’ évaluation collectives ( de production écrites par exemple en arabe , dans les langues étrangères ou en philosophie ) , dans des disciplines comme les mathématiques ou la physique , on peut recourir à des QCM pour évaluer et renforcer des mécanismes , on peut mettre l’accent sur un  processus particulier ( par exemple la démonstration sans s’intéresser particulièrement aux résultats des calculs ) on peut également évaluer la capacité des enfants à mobiliser leur savoirs et savoirs faire pour les investir dans une situation problématique de la vie courante  ( ce que préconise l’approche par compétence ) , tout cela exige des compétences , une réflexion et de l’imagination de la part des enseignants .

Dans le cadre de l’évaluation sommative, utilisée comme un moyen de motiver l’enfant on peut envisager des traitements docimologique qui permettraient de récompenser les efforts fournis au sein du groupe classe , avec de simple applications sur excel on peut aisément évaluer les progrès d’un élève au sein de son groupe en comparaison avec les autres et récompenser les enfants qui font le plus d’effort . La diversité des critères d’évaluation permettra une meilleure motivation des enfants et les enfants pourront préserver leur estime de soi .

On peut également considérer le groupe classe comme une unité d’évaluation notamment au niveau de l’enseignement moyen et secondaire et réaliser des traitements docimologiques permettant de comparer entre des groupes classes différents et récompenser les classes qui se caractérisent par plus d’émulation et arrivent à créer un climat propice au travail scolaire.

Ces analyses permettent de donner des feed back utiles aussi bien pour les enfants que pour l’ensemble du groupe classe , ce qui est nécessaire pour que les enfants fassent les efforts nécessaires pour développer des attitudes positives .

Fraude aux examens et copiage :

Suite aux scandales qui ont été révélé lors de l’examen du baccalauréat, la fraude aux examens s’est imposée ces dernières années comme un des problèmes les plus graves du système éducatif.

D’énormes efforts sont consentis par les pouvoir public pour assurer la crédibilité des examens nationaux et l’égalité des chances, mais on ne  semble s’intéresser qu’à la partie politique de l’affaire , c'est-à-dire aux tentatives  qui visent  à remettre  en cause la capacité de l’état  à organiser des examens propres et crédibles . Une réflexion et une analyse globale du phénomène s’impose compte tenu du fait que  cette pratique ne concerne pas uniquement les examens nationaux puisqu’elle commence à se répandre dès l’enseignement moyen et arrive même à gangrener la mentalité de certains enseignants qui trouvent normal de frauder lors des examens sanctionnant leur formation. Elle constitue de ce fait un véritable fléau dont les parents et la société ne mesurent pas à mon avis suffisamment la gravité.

Cette pratique est grave pour plusieurs raisons, elle est révélatrice de déficits dans l’assimilation des cours et de pratiques d’évaluation perverses et anti pédagogiques. Ces pratiques mettent l’accent sur la restitution mécanique des informations et l’obtention de bonnes notes au détriment de  la compréhension , la déduction, l’analyse et la synthèse.

Parmi les scandales du baccalauréat, la presse a révélé ces dernières années,  le cas d’un copiage massif en philosophie, ce qui constitue une aberration scandaleuse puisque en principe l’examen de philosophie est sensé évaluer des capacités individuelle de réflexion , alors que les élèves sont amené à apprendre des dissertations et à les reproduire mot à mot sur leur feuille d’examen .

Cette pratique est grave également parce qu’elle mène à l’échec scolaire , l’élève qui s’habitue à la fraude est souvent un élève qui n’acquière pas la capacité  de réfléchir par lui-même , et n’arrive pas à prendre les bonnes habitudes lui permettant d’acquérir des connaissances et des compétences ( il ne se concentre pas en classe , il ne prépare pas ses cours et ne les révise pas , il ne cherche pas à comprendre …etc.).

Cette pratique est source de conflit au sein de la classe, les élèves peuvent être amené à remettre en cause les résultats scolaires,  car certain les ont obtenus en trichant . Il arrive même que certains élèves notamment au secondaire , considèrent que c’est leur droit de copier ce qui est assez souvent source de conflits grave avec les enseignants ; il arrive même que des enseignants soient menacés , insultés ou même agressé car ils ont refusé de laisser copier certains candidats aux examens .

Enfin cette pratique peut être révélatrice de problèmes sérieux de transmission de valeurs morales et sociales qui concernent aussi bien l’école que la société dans son ensemble. Il est  fort probable que l’élève qui triche aux  examens , va tricher et frauder dans la vie professionnelle , sociale et politique  . 

La réponse à ce défi posé à l’école Algérienne implique une réponse globale et une implication à tous les niveaux.

Tout d’abord il faut un travail de sensibilisation et de mobilisation pour lutter contre ce fléau, il est important que des journées pédagogiques portent sur ce thème pour amener les enseignants à donner plus d’importance à ce phénomène à  mieux le connaitre et le comprendre et à le combattre dès le plus jeune âge et à remettre en cause leur pratiques d’enseignement et d’évaluation.

Il faut également que la recherche soit mobilisée pour mieux comprendre le phénomène, évaluer son importance, par année, par matière, par région et identifier scientifiquement ses déterminants.

La question de la transmission des valeurs doit également être à l’ordre du jour , il faut que cette question soit abordée en tenant compte de toute sa  complexité .

La réussite de l’école dans la  mission de transmission de valeurs saines et admises par le plus grand nombre  est  conditionnée par les pratiques sociales et les  valeurs sous-jacentes souvent inconscientes qu’elle révèlent ( on peut d’ailleurs souvent observer un décalage avec  ce qui est admis formellement comme valeurs sociale exprimés  par les institutions idéologiques de la société ) . l’école ne peut contribuer au changement que si les enseignants sont amenés à prendre conscience de ces décalages et de certaines  perversions de la morale sociale et s’engagent à cultiver le sens critique chez les enfants et à les amener par la pratique pédagogique et à travers l’organisation de la vie scolaire vers les changements souhaitables et qui font consensus   ,

Il faut par ailleurs que les enseignants prennent conscience du caractère évolutif  du  jugement moral et éthique et soient formés   pour comprendre l’évolution dans ce domaine sur la base des acquis de la psychologie génétique .

La question de la fraude  et d’autres questions éthiques sont liés à l’acquisition de certaines compétences de la vie , en particulier à l’estime de soi , il est important d’amener les enseignants à travailler sur ces aspects .

Enfin , à partir d’un certain âge (la fin de l’enseignement moyen , début du secondaire )  , quand on considère que l’enfant est en âge de comprendre la gravité de  la fraude , cette pratique doit être considérée avec  plus de sévérité , la sanction ne doit plus se limiter au zéro attribué à la note d’examen , mais aller plus loin et considérer la fraude comme un délit à sanctionner par le conseil de discipline avec présence des parents et sanctions pédagogiques appropriés . La sévérité de la sanction doit être dissuasive et donner à la désapprobation et au refus de telles pratiques toute l’importance nécessaire pour souligner le caractère sacré de l’honnêteté dans les études .

 

Relizane : Après l'image choquante d'un écolier… un élu démissione Algérie

Réunir les conditions matérielles : 

Il est évident qu’une bonne réforme, nécessite plus de moyens financiers pour aboutir à des résultats significatifs,  Ces moyens financiers supplémentaires sont nécessaires pour lancer des projets de recherche , motiver les enseignants qui  s’impliquent dans des projets expérimentaux , mieux intégrer les NTIC , lutter contre la surcharge des classes …etc. il faudrait réfléchir à impliquer les parents qui disposent de revenus  plus ou moins  importants dans le financement de l’éducation tout en préservant et en renforçant le principe d’égalité des chances . Je pense que la solution réside dans l’instauration de nouvelles taxes au profit de l’éducation, ces taxes toucheraient les revenus élevés et au-dessus de la moyenne nationale et seraient appliqués sur certains produits de luxe , elles pourraient concerner  les émigrés  Algériens qui ont profité du système scolaire national pour s’insérer socialement , culturellement et économiquement à l’étranger , leur contribution à financer un système qui a contribué à leur réussite professionnelle , se justifie amplement.

En ce qui concerne l’informatisation, un effort de réflexion et de financement doit être mobilisé pour répondre à la nécessité de doter nos élèves de l’outil informatique, il faudrait trouver les solutions optimales pour répondre aux exigences d’économie, de fonctionnalité et  de durabilité des machines qui seront utilisées .  A ce propos il est possible de passer graduellement du tout papier au numérique sans que le cout de cette opération ne devienne faramineux pour l’état ou les parents, une tablette peut contenir tous les livres scolaires par exemple, ce qui peut motiver les parents à doter leurs enfants de tablettes au lieu d’acheter une multitude de livres durant plusieurs années. L’argument du cout des machines n’est plus recevable depuis déjà quelques années, malheureusement la réflexion pédagogiques pour bien exploiter les ressources informatiques est très en retard, ce serait dommage que le rôle de l’outil informatique soit réduit à un support seulement et qu’on sacrifie les capacités fort intéressantes pédagogiquement de cet outil en terme de multimédia et d’interactivité.

Par ailleurs, des moyens non conventionnels comme le smartphone avec ses caméras, son GPS, ses multiples senseurs, son chronomètre …etc,   peut devenir un outils pédagogique utile  pour répondre économiquement aux besoins des laboratoires en terme d’observation et d’expérimentation .

La réflexion pédagogique, la veille technologique et l’innovation doivent mobiliser les efforts pour intégrer l’utilisation de ces outils qui deviennent de plus en plus à la portée du plus grand nombre. Cet effort d’utilisation pédagogique de ces outils permettra d’un autre côté d’informer les enfants sur des aspects méconnus des smartphones et de mieux vulgariser des technologies qui sont devenus à la portée de tout le monde. Les sociétés de smartphones pourraient financer des expériences dans ce domaine.

Ces quelques suggestions montrent à quel point, il est important de sortir des sentiers battus de faire appel à l’innovation et aux nouvelles technologies pour répondre de façon nouvelles et innovantes à la question des ressources à mobiliser pour accompagner les changements à introduire dans les curricula. La libération des énergies et la capacité de motiver et mobiliser les enseignants seront déterminantes.

 

Redouane Semar-Réforme de l’éducation Quelques éléments pour un débat

Réunir les conditions matérielles : 

Il est évident qu’une bonne réforme, nécessite plus de moyens financiers pour aboutir à des résultats significatifs,  Ces moyens financiers supplémentaires sont nécessaires pour lancer des projets de recherche , motiver les enseignants qui  s’impliquent dans des projets expérimentaux , mieux intégrer les NTIC , lutter contre la surcharge des classes …etc. il faudrait réfléchir à impliquer les parents qui disposent de revenus  plus ou moins  importants dans le financement de l’éducation tout en préservant et en renforçant le principe d’égalité des chances . Je pense que la solution réside dans l’instauration de nouvelles taxes au profit de l’éducation, ces taxes toucheraient les revenus élevés et au-dessus de la moyenne nationale et seraient appliqués sur certains produits de luxe , elles pourraient concerner  les émigrés  Algériens qui ont profité du système scolaire national pour s’insérer socialement , culturellement et économiquement à l’étranger , leur contribution à financer un système qui a contribué à leur réussite professionnelle , se justifie amplement.

En ce qui concerne l’informatisation, un effort de réflexion et de financement doit être mobilisé pour répondre à la nécessité de doter nos élèves de l’outil informatique, il faudrait trouver les solutions optimales pour répondre aux exigences d’économie, de fonctionnalité et  de durabilité des machines qui seront utilisées .  A ce propos il est possible de passer graduellement du tout papier au numérique sans que le cout de cette opération ne devienne faramineux pour l’état ou les parents, une tablette peut contenir tous les livres scolaires par exemple, ce qui peut motiver les parents à doter leurs enfants de tablettes au lieu d’acheter une multitude de livres durant plusieurs années. L’argument du cout des machines n’est plus recevable depuis déjà quelques années, malheureusement la réflexion pédagogiques pour bien exploiter les ressources informatiques est très en retard, ce serait dommage que le rôle de l’outil informatique soit réduit à un support seulement et qu’on sacrifie les capacités fort intéressantes pédagogiquement de cet outil en terme de multimédia et d’interactivité.

Par ailleurs, des moyens non conventionnels comme le smartphone avec ses caméras, son GPS, ses multiples senseurs, son chronomètre …etc,   peut devenir un outils pédagogique utile  pour répondre économiquement aux besoins des laboratoires en terme d’observation et d’expérimentation .

La réflexion pédagogique, la veille technologique et l’innovation doivent mobiliser les efforts pour intégrer l’utilisation de ces outils qui deviennent de plus en plus à la portée du plus grand nombre. Cet effort d’utilisation pédagogique de ces outils permettra d’un autre côté d’informer les enfants sur des aspects méconnus des smartphones et de mieux vulgariser des technologies qui sont devenus à la portée de tout le monde. Les sociétés de smartphones pourraient financer des expériences dans ce domaine.

Ces quelques suggestions montrent à quel point, il est important de sortir des sentiers battus de faire appel à l’innovation et aux nouvelles technologies pour répondre de façon nouvelles et innovantes à la question des ressources à mobiliser pour accompagner les changements à introduire dans les curricula. La libération des énergies et la capacité de motiver et mobiliser les enseignants seront déterminantes.

Structuration et organisation du système éducatif

Il semble évident sans recourir aux chiffres que l’école Algérienne  ne prépare pas à l’insertion professionnelle , un divorce profond existe entre le monde du travail et l’éducation nationale . La préparation à un métier est réservée malheureusement aux jeunes qui sont en échec scolaire. On observe également que l’adéquation entre l’enseignement secondaire et universitaire laisse à désirer et que les modalités d’orientation (informatisée et centralisée) posent d’énormes problèmes.

La réflexion sur l’organisation de l’enseignement secondaire son articulation avec  le monde du travail d’une part avec  le système universitaire d’autre part  ne peut être que globale , elle doit porter sur les  filières du secondaire mais également sur le  baccalauréat  , sur le système d’orientation  et les conditions d’accès au monde du travail, car tout est lié  .

L’école Algérienne a été piégée par de faux débats et oppositions entre formation générale et préparation à la vie active, et malheureusement le plus grand nombre d’élèves sont orientés vers des filière d’enseignement général dont l’objectif exclusif est de préparer à l’accès à l’université et qui ne débouchent sur aucune compétence susceptibles d’être valorisée et exploitée dans le monde du travail. Ceux qui veulent rejoindre le monde du travail sont obligés de faire une formation après la terminale, le plus souvent après un échec au baccalauréat. Plus grave encore, même l’université avec son système LMD ne prépare pas réellement au monde du travail et souvent les sortants se retrouvent au chômage.

La formation secondaire exclusivement orientée vers l’accès à l’université débouche sur beaucoup d’échec, un accroissement exponentiel du nombre d’étudiants avec d’énormes difficultés pour leur assurer une formation de qualité qui leur permet de rejoindre le monde du travail ou de faire de la recherche. Cette situation semble juste répondre à une demande sociale ( course vers l’accès à l’université et vers les filières prestigieuses ) et des exigences socio-politiques, mais ne répond à aucune pertinence économique, les investissements consenties par la communauté nationale sont de ce fait peu rentables et l’université ne répond pas aux besoins des jeunes et du monde du travail.

La structuration actuelle du secondaire et le système d’orientation à l’université posent d’énormes problèmes , l’orientation n’a souvent pas de relation avec les enseignements dispensés au secondaire , on voit par exemple des élèves de math technique qui n’ont pas bénéficié d’un seul  cours de biologie  orientés en médecine , beaucoup d’élèves avec de faibles moyennes au bac  orientés vers des filières qu’ils n’ont pas choisis , des élèves de la filière langue, privés d’accès aux filières en relation avec la langue étrangère ( espagnole ou allemand) qu’ils ont étudié au secondaire …etc. Ces problèmes débouchent sur une démotivation des étudiants et l’échec.

On peut penser améliorer le système informatique d’orientation mais ce sera à mon avis peine perdue, car il ne pourra jamais mettre de façon fine en adéquation le profil des nouveaux bacheliers, leur niveau dans les différentes matières, les exigences de la filière et enfin leur désirs et leurs choix.

Il faut impérativement repenser en profondeur le système et rompre avec une politique de ventilation des flux et aller vers une orientation fine qui répond aux exigences des filières universitaire et qui tient compte du profil des étudiants et leurs désirs et dans la mesure du possible sans encombrer outre mesure les universités au point de compromettre la qualité des enseignements.

La question qui doit être posée en ce qui concerne l’enseignement secondaire en particulier est : est-ce qu’on ne peut pas concilier entre préparation à la vie active et formation générale et accès à l’université ? Est-ce qu’on ne peut pas aller au-delà de l’organisation actuelle du système qui distingue et sépare la voie de la formation professionnelle de celle de l’enseignement générale (Avec une majorité des enfants qui vont vers l’enseignement général)?

La programmation pédagogique à travers l’approche par compétence devait viser l’acquisition de compétences utilisables dans la vie active, malheureusement la réforme pédagogique n’est jamais allée au fond des choses pour intégrer la préparation à un métier comme élément de la formation secondaire.

Les pistes de réflexion qui à mon avis peuvent mener à une réforme profonde du système sont les suivantes :

-Revoir les conditions d’accès au secondaire pour qu’au moins 80% des élèves du CEM puissent poursuivre leurs études au secondaire, ( ce qui implique une lutte acharnée contre le décrochage et l’échec scolaire au CEM)  . La diversité des niveaux des élèves se répercutera bien entendu sur les curricula et le choix des filières.

-Intégrer des représentants du monde du travail dans la définition des filières et des curriculas

-Consacrer au moins un tiers du temps d’enseignement à la formation professionnelle pour l’ensemble des élèves.

- Intégrer les institutions de la formation professionnelle destinées aux jeunes dans le système éducatif et rompre avec la dichotomie existante actuellement.

-Diversifier les filières au niveau du secondaire tout en assurant un approfondissement de la formation dans les enseignement généraux selon le profil des élèves ( langues, mathématique, sciences sociales , philosophie ).

-Organiser une partie de la formation secondaire sous forme de stage en entreprises.

- Cesser de mettre les jeunes en situation d’échec et revoir les conditions d’obtention du baccalauréat, envisager par exemple un baccalauréat qu’on obtiendrait petit à petit sans refaire les examens ou l’on obtient la moyenne.

- Revoir les conditions d’accès à l’université , annuler la péremption du baccalauréat ,rompre avec l’orientation à l’université par programme informatique, et permettre aux responsables des facultés de définir les conditions d’accès aux différentes filières universitaires   tout en  limitant l’accès aux filières « prestigieuses » par des concours ou études de dossiers .

- Remettre aux sortants de l’enseignement secondaire des bilans de compétence leur permettant de rejoindre le monde du travail ou d’approfondir leur formation professionnelle. Ces bilans peuvent également être pris en compte dans l’accès à certaine filière universitaire, étant entendu que les bilans de compétences exigent une profonde révision des modalités d’évaluation.

- Organiser une année pré-universitaire pour les filières universitaire exigeant un niveau élevé dans certaines matières pour combler les manques dans la formation théorique.

Les écoles privées :

Malgré les efforts d’intégration des écoles privées dans le système éducatif, ces écoles continuent à poser de multiples problème et défis pour l’administration de l’éducation. Par complaisance, et manque de rigueur, l’administration locale continue à agréer des établissements qui ne disposent pas des conditions pédagogiques requises et parfois même pas les conditions nécessaires de sécurité (absence de cour de récréation, exiguïté des locaux , escaliers non sécurisés …etc ) .

Sur le plan pédagogique, on constate que ces écoles soumettent les enfants à une surcharge de travail scolaire en imposant souvent le programme français en plus du programme Algérien dans un certain nombre de disciplines ( français , math , science , physique …etc) .Ces écoles sacrifient  souvent des matières importantes comme l’histoire et la géographie ou l’éducation civique pour pouvoir assurer un double programme . Cette situation est souvent le résultat de pressions des parents qui valorisent le programme français et veulent préparer les enfants aux examens français pour qu’ils puissent suivre une formation universitaire en France ou tout simplement pour le prestige social. Ajoutons à cela le fait que ces écoles sont des écoles pour parents aisés ce qui réduit les chances de mixité sociale et crée des barrières sociales et psychologiques entre enfants de différents milieux sociaux.

Cette situation doit changer  , pour protéger les droits des enfants à avoir du temps libre pour se détendre ou s’amuser et avoir des activités artistiques ou récréatives, pour assurer à tous les enfants d’Algérie un enseignement qui leur permet de s’enraciner dans leur environnement national ,les éduquer à  respecter les éléments de leur identité et s’imprégner des valeurs sociales et de l’histoire nationale  et enfin pour s’assurer  de l’adaptation du cadre de travail scolaire aux exigences  pédagogiques   . Le ministère peut agir de diverses manières pour mieux encadrer ces écoles et les intégrer réellement au système éducatif national .

Nous suggérons les mesures suivantes :

  • Créer une commission d’homologation et d’inspection au niveau national et améliorer le cahier des charges pour amener les écoles à assurer les conditions pédagogiques et de sécurité nécessaires.
  • Organiser un débat national autour de ces écoles et lancer une campagne d’information et de sensibilisation pour que les parents se rendent compte des besoins des enfants et cessent de faire pression sur les écoles pour imposer le double enseignement
  • Encourager les écoles à accueillir des enfants de différents milieux en participant au financement de ces écoles , les APCs pourraient  par exemple encourager ces écoles à accueillir des enfants de milieux moins aisés souffrant de difficultés scolaires en accordant des bourses aux parents qui le désirent , au cas bien entendu ou l’école présente un avantage pédagogique certain pour le profil de ces enfants.
  • Diffuser l’information concernant les résultats aux examens et les différentes évaluations permettant au parent de comparer ces écoles aux écoles publiques et de faire le choix d’inscrire leurs enfants en connaissance de cause.
  • Se montrer intraitable sur l’’application du programme national et interdire l’enseignement double des matières tout en tolérant l’utilisation de textes ou d’exercices des manuels français quand ils sont en rapport avec le programme national.
  • Encourager ces établissements à devenir des laboratoires d’innovation pédagogique, tout en organisant les échanges d’expérience entre les établissements qu’ils soient publics ou privés. Des mesures d’encouragement financier peuvent être envisagées. L’état pourrait contribuer au financement de ces écoles en échange d’un plus haut niveau d’exigence à leur égard.
  • Certaines innovations introduites dans ces écoles pourraient être encouragés dans les écoles publiques, à titre d’exemple les écoles publiques pourraient organiser la garde des enfants dont les parents travaillent en dehors des heures de cours , ils pourraient organiser des activités de loisir ou de renforcement des langues  financés par l’association des parents d’élèves et sans distinction entre les enfants.

Conclusion :

Le système éducatif se débat dans des conflits stériles et dangereux, je pense ( je peux me tromper) que les enseignants s’enferment dans des affrontements avec l’administration autour de revendication parfois secondaires et sans importance ,  car ils ont perdu le sens de leurs mission et ne s’investissent plus réellement dans leur métier.  La bureaucratisation de la gestion les a réduits au rôle d’exécutant et ils ne se perçoivent plus au service des nouvelles générations, du pays et du monde, mais au service d’une administration. 

Il est de ce fait important que la réforme se fasse avec leur implication et contribution et qu’ils ne se contentent pas de l’appliquer ou de la subir . Le débat public sur l’école doit enclencher ce processus de réappropriation de l’école par les enseignants et l’ensemble de la société.

Il est important que gens à tous les niveau voient dans l’éducation une réponse aux problème que vit le pays  et le monde et deviennent plus intéressés et plus exigeant à l’égard de l’école.

Je souhaite que ces idées jetés à la hâte puissent contribuer à ce processus.

Semar redouane

03/4/2018

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