Du culte des IDE(s) au culte du Vaudou. Deuxième entretien sur les élections présidentielles algériennes.
Dounia Djafer,
Voilà l'entretien qui essaye de répondre à ta question. Il est très long mais le fastfood n'a de pendant dans la pensée que par l'aliénation. Comprendre un moment historique demande le temps du ré-apprentissage de la pensée qui s'était assoupie dans l'aliénation des pauses ou des reflux historiques.
J'ai essayé de revenir à deux lois de la dialectique de Hegel. En passant par celle de Marx, le concept de classe aurait étouffé la réalité que notre peuple s'est reconstitué en unité historique pour sauver notre nation, après que l'égoïsme et la recherche du succès personnel et familial, inoculé par la gouvernance du président Bouteflika, et par les réussites spectaculaires des oligarques nous ait contaminés et fait passer le "bonheur" comme démarche individuelle opposé au bonheur de tous.
L'analyse de classe, bien que pertinente, nous aurait cependant voilé que la situation qui nous est faite ne touche pas une classe en particulier mais l'ensemble de notre peuple sauf les oligarques et les élites administratives ou idéologiques à qui ces oligraques ont "passé" le "pouvoir" de gestion de l'administration et de la prébende dans le dos de l'Etat, de ses institutions et de ses lois.
Toutes ces transformations se sont faites sous les conseils des puissances dominantes, les puissances impérialistes qui ont les codifiées, pour se transférer le contrôle des actes fondamentaux de notre gouvernements ( tarifs douaniers, liberté de commerce et d'importation, liberté de parole pour leurs relais ONG ou lobbys, répression de toute expression contestatire et surtout celle anti-impérialiste, etc;) dans les accords et traités internationaux, notamment l'accord d'association avec l'U.E, en échange de leur égide et protection.
C'est ce retour à la situation coloniale, je peine à dire néocoloniale, tant la co-gestion française de notre pays est devenu manifeste, même si on a soigneusement voilé au grand public le nombre effarant de commissions franco-algériennes qui planchent sur nos affaires, de la fiscalité générale à la gestion des commnes en passant par nos programmes scolaires. L'influence française, incroyable et démesurée, sur nos secteurs de la culture et des médias, bien que connue de tous reste mal mesurée dans ses profondeurs et dans ses dégâts.
Cette cogestion de l' Algérie l'Etat colonial français a atteint son apogée avec la création du Fonds algéro-français d'investissement en Afrique puis du Fond d'investissement croisés entre la France et l'Algérie. Faut-il penser profond pour comprendre que le néocolonialisme français, en crise financière aigüe, va drainer nos capitaux pour renforcer son emprise dans ses colonies africaines que lui dispute la Chine et ramener de l'argent algérien frais dans son économie moribonde. En contrepartie bien sûr, après la crise Tebboune, le gouvernement Ouyahia aura légalisé le transfert par les oligarques Rebrab, Haddad, Tahkout et compagnie, des devises, c'est à dire les revenus de notre pétrole, sous couvert de développement des investissements à l'étranger. Quel dérision de l'histoire les IDE(s) c'est nous qui les exportons !
J'espère du fond du cœur que j'aurai répondu à ta question. Pour Hegel, seul l'Esprit est libre car il est ce qui pense les choses et l'Être. Être libre pour lui, c'est passer par la pensée pour changer ce qui nous détermine, ce qui nous a fait comme nous sommes devenus. La liberté, c'est donc toujours un acte de pensée et de changement de l'ordre qui nous est imposé. Marx ne dit pas autre chose en affirmant que la conscience et donc l'Esprit devient la conscience libératrice, non aliénée quand elle devient la conscience pour soi. Notre peuple, le nôtre, Dounia, la manifeste dans cet éblouissement de l'intelligence et dans cet art du combat politique, qui nous porte, nous, intellectuels nominaux et de simple statut, à la nécessité d'ouvrir les yeux et de les ouvrir autrement que dans la scolastique des concepts mâchés pour nous par les cercles dirigeants de l'impérialisme en général et du néocolonialisme des Sarko-Hollande-Macron en particulier.
Nous sommes donc obligés de passer par la case de cet effort d'un regard qui renaît grâce à l'action de notre peuple-phœnix.
Bonne écoute Dounia, et bonne écoute à tous qui me feront la gratification d’une oreille attentive.