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bouhamidimohamed

La fin du destin arabe ? Sur l'inflexion d'où naîtra le sionisme arabe et musulman

6 Mars 2018 , Rédigé par bouhamidi mohamed Publié dans #Bazooka archives

La fin du destin arabe ? Sur l'inflexion d'où naîtra le sionisme arabe et musulman

Titre original :  La fin du destin arabe ?

Par Mohamed Bouhamidi

In Le Soir d’Algérie du 27 03 2006

 

Le Sommet arabe de Khartoum va enregistrer de nombreuses défections de rois et de chefs d’Etat. L’ouverture officielle permettra de faire le décompte final et exact des absences. Mais il s’avère que des pays importants n’enverront que des représentants. Vous pouvez hausser les épaules et remarquer que c’est habituel. Vous avez tout à fait raison. Les dissensions et les querelles, les rivalités et les complots des uns contre les autres ont souvent créé ce genre de situation.

Mais le contexte actuel laisse présager un point de rupture annoncé depuis longtemps et chaque fois différent. Notons au passage que ces brouilles-réconciliations permanentes semblent tenir des chefs d’Etat eux-mêmes. Certainement pour une part. L’examen de la question peut amener une autre piste. Chaque fois que des hommes se rassemblent sous la dénomination de frères ils entrent dans une relation passionnelle. Le titre de frère suppose un lien de l’ordre de la nature et du sang. Il n’existe pas entre le frère et le frère la médiation de la raison, c'est-à-dire des règles qu’établissent entre eux des associés en vue d’un but commun. Tant que cette ligue arabe se justifie par un ordre de la nature et activera sous la bannière de la fratrie, ces heurts, ces chocs, ces complots, ces brouilles et ces retrouvailles resteront le seul contenu pratique de la ligue arabe. En a-t-il été autrement depuis sa naissance ? Ceci dit, pour la première fois le sommet se tient sous l’injonction quasi directe d’Israël de se prononcer l’arrivée de Hamas au gouvernement. Quasi directe. Bien sûr les Etats-Unis ont porté et portent cette injonction. Mais jamais elle n’a paru aussi clairement dans le rôle d’émissaire de l’Etat sioniste. Ehu Olmert l’a très bien compris quand il fait intervenir sa ministre des Affaires étrangères au même moment. Bien sûr, le conflit palestinien restera longtemps au cœur des sollicitations de ces sommets. Mais dans les périodes de reflux du conflit, d’autres sujets ont pu intéresser les chefs d’Etat. Mais jusqu’à présent sur ce problème, les pays arabes semblaient avoir un smig politique : celui de demander la libération de la Palestine que par ailleurs ils trahissaient outrageusement en accédant à toutes les demandes du parrain d’Israël, les Etats-Unis. Le point culminant a été atteint à Beyrouth. Après avoir financé l’agression contre l’Irak et s’être vu renvoyés à l’abécédaire de la politique, après avoir mondialement reconnu leur dépendance des Etats-Unis pour leur survie les Etats arabes offrent de reconnaître Israël contre un règlement honorable de la question palestinienne. Ce jour, ils ont bouclé la boucle. En clair, ils demandaient aux Etats-Unis une porte de sortie honorable : «Soit ! on est à genoux mais laissez nous sauver les formes.» Rien, niet ! Même pas ça. La politique impériale ne peut accepter ce genre de coquetterie de ses sujets. Khartoum viendra certainement confirmer.

M. B.

Source : http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/03/27/article.php?sid=36153&cid=3

La fin du destin arabe ? Sur l'inflexion d'où naîtra le sionisme arabe et musulman

La fin du destin arabe ? (2)

Par Mohamed Bouhamidi

In Le Soir d’Algérie du 28 03 2006

 

Les projets de résolutions du sommet arabe de Khartoum comprennent une déclaration sur la Palestine. En apparence, elle pourrait passer pour un acte d’indépendance. Elle demande le respect du choix démocratique des Palestiniens qui ont désigné une majorité Hamas au Parlement. Elle demande également que l’UE et les autres pays donateurs continuent à verser leurs aides financières à l’Autorité palestinienne.

Mais les Etats-Unis et Israël connaissent parfaitement les limites de cette audace. La plupart des pays arabes n’ont pas honoré leurs engagements financiers, pourtant modestes au vue de leurs revenus. Le rappel de Mahmoud Abbès reste en soi un aveu de cette défection. La résolution prêterait à rire quand elle rappelle la disponibilité arabe à reconnaître Israël s’il renonçait aux territoires conquis en 1967. Les pays arabes qui entretiennent des rapports, ouverts ou cachés, sont plus nombreux que les autres. Et les autres ont avec lui des relations voulues ou imposées dans les cadres des réunions ou programmes de l’OTAN, d’association avec l’Union européenne ou de négociations avec l’OMC. Les arabes peuvent se payer de mots, les Anglo-Américains et Israël examinent les faits. Que vaut cette proposition arabe de négociation globale sur les frontières quand Israël est en train de la tracer par le mur de séparation concertation active avec les Etats-Unis ? Rien de plus que ce que j’ai écrit hier. Et sur le grand, très grand problème de fond, les résolutions ne disent rien. Pas un mot sur le projet du Grand Moyen-Orient. Il s’agit bien d’une reconfiguration brutale et profonde de l’espace politique arabe. Il n’a pas suffi que les pays du Golfe payent l’agression anglo-américaine contre l’Irak. Ils doivent se plier aux injonctions politiques directes des Etats-Unis sur leurs législations, leurs cultures et leurs systèmes éducatifs. Ils s’y sont pliés un par un. Ils n’ont pas besoin de le faire collectivement sauf à demander des délais, un peu de souplesse, un plus grand respect des formes au motif d’une montée en puissance des mouvements islamistes. Entre gens avertis, certains mots deviennent inutiles. L’agression contre l’Irak et le Grand Moyen-Orient visent à assurer la main haute des Américains sur le pétrole. Et moins pour leurs besoins domestiques comme le répète trop souvent la presse mais d’abord pour contrôler les sources d’approvisionnement des autres puissances et des autres pays. Les compagnies américaines sont là pour mettre en bon ordre ces questions énergétiques. Et chaque pays arabe est entré dans ces vues américaines selon son histoire propre, sa configuration politique, les forces qui y sont en présence. Tous, mais alors tous, sauf la Syrie, pour des raisons pas forcément honorables, ont renoncé au pire cauchemar des Etats-Unis : le nationalisme ou l’hypernationalisme, selon l’expression des experts américains. Accepter l’idée de souveraineté limitée, renoncer à la propriété du pétrole, se débarrasser de l’idée que les gouvernements (arabes ou du Tiers-Monde) sont responsables du bien-être de leurs peuples, voilà les bases idéologiques du GMO. Elles ne sont pas nouvelles. Elles datent déjà des années 1950. A part le Soudan et la Syrie pour des raisons spécifiques, donnez-moi le nom, un seul nom, d’un régime arabe qui n’est pas dans ces dispositions. Que les injonctions lui viennent de la Banque mondiale, du FMI ou de responsables états-uniens.

M. B.

Source : http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/03/28/article.php?sid=36208&cid=3

 

La fin du destin arabe ? Sur l'inflexion d'où naîtra le sionisme arabe et musulman

La fin du destin arabe ? (3 et fin)

Par Mohamed Bouhamidi

In Le Soir d’Algérie du 29 03 2006

 

Gamal Abdel Nasser ne doit plus reconnaître sa Ligue arabe. A son époque, deux grands courants politiques la traversaient : le courant nationaliste et celui des Etats nés de la volonté britannique sur les débris de l’Empire ottoman. Qui allait entraîner les Arabes derrière sa politique et ses propositions ? La lutte fut longtemps indécise. Les nationalistes voulaient récupérer les richesses du sous-sol, les grands source de financement, la liberté de s’occuper de leurs peuples et de développer leurs pays.

 

La présence de l’URSS leur permettra de réunir quelques moyens politiques et militaires de résistance aux pressions anglo-américaines puis américaines tout court. L’agression de la France, de l’Angleterre et d’Israël sur l’Egypte nassérienne en 1956 constitua le point culminant de cet affrontement autour de la question de la souveraineté nationale entre les anciennes puissances impériales et quelques pays arabes.

La lutte entre le courant nationaliste et le courant proimpérialiste s’est terminée par la défaite du courant nationaliste. Pas seulement à l’intérieur de la ligue. Mais dans la vie réelle. La guerre du Golfe a rendu visible une vieille mais discrète dépendance des monarchies pétrolières. Elles restent inconsistantes en tant que nations précaires, en tant qu’Etats et que régimes politiques. Les autres pays, dans  des circonstances particulières à chacun, ont fini par rejoindre le giron américain d’une façon ou d’une autre. L’échec des nationalismes arabes par la conjugaison de facteurs internes (dont le sous-développement) et de pressions externes a entraîné la mort du discours et la revendication anti-impérialistes. L’heure est au langage du réalisme et de la soumission. Pour la presque-totalité des pays arabes, l’affaire est entendue : c’est soit l’alignement direct sur les USA pour les pays pétroliers, soit l’obéissance aveugle aux règles de la Banque mondiale et du FMI.

Cette défaite du courant nationaliste ne représente pas une victoire du courant proimpérialiste mais directement une victoire de l’impérialisme. Cela veut dire pour les peuples de la région l’impossibilité d’accéder au développement. Concrètement, cela veut dire que les gouvernements en place doivent réunir les conditions d’infrastructures, les conditions légales et politiques pour la libre circulation des capitaux et d’investissements voulues par les multinationales. Exit le droit pour nos pays d’avoir des politiques de création d’industries et des politiques de sécurité alimentaire, des politiques de bien-être. Les résultats de cette hégémonie sont connus. D’un côté une mince couche d’oligarques de plus en plus riches, de l’autre côté la majorité du peuple jeté dans la précarité. Ce n’est qu’en cela que le sommet de la Ligue arabe nous intéresse. Le brocarder, le railler, se moquer de lui nous cache l’essentiel de ses enjeux : résistance ou soumission aux injonctions impérialistes. Et cet enjeu n’est pas spécifiquement arabe mais planétaire. Alors, Arabes et Latinos, même combat. Non ! Arabes et latinos anti-impérialistes même combat contre l’impérialisme et ses relais arabes ou latinos.

 

M. B.

Source :

http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/03/29/article.php?sid=36258&cid=3

 

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