Fétichismes.

Par Mohamed Bouhamidi

In Le Soir d’Algérie du 13 04 2006

Je devais rencontrer la question, un jour ou l’autre. Dans le taxi, les passagers ont parlé de l’opération Ousratic. L’indignation visait le taux d’intérêt, neuf pour cent, selon un client. Elle visait la paperasse à  fournir à la banque dont, semble-t-il, une assurance- vie. Ce dernier point paraît tellement énorme qu’il doit relever de l’invention. On ne demande pas d’assurance-vie même pour des prêts s’élevant à des milliards de centimes. (1)

Cela signifie simplement que les gens sont outrés par les conditions imposées à cette opération et ils convoquent pour les besoins de la cause quelques exagérations. Cette opération mérite quand même un examen plus sérieux. Une première question vient à l’esprit : les couches sociales susceptibles de s’intéresser à l’achat d’un ordinateur sont bien les couches moyennes ? En général et dans des pays normaux, elles se composent des enseignants, des médecins, des pharmaciens, des avocats, des commerçants. Bref de gens cultivés. Reçoivent-ils les salaires ou disposent-ils des revenus suffisants pour ce faire ? Parmi les mordus d’informatique et d’Internet on fait la dépense depuis longtemps d’acheter un computer et de s’abonner à  un provider. Il faudra beaucoup plus qu’une mauvaise campagne publicitaire pour convaincre les autres si la dépense n’est pas infime au regard de leurs revenus, absolument indispensable ou porteuse de prestige. Le cybercafé reste le lieu le plus confortable financièrement et socialement pour ceux qui ne disposent pas d’un logement ou d’un espace personnel suffisant. Car, pour adhérer à l’opération Ousratic, il faut disposer de son propre logement. Reste le plus dur puisque le ministère des Télécommunications a lancé l’opération : il faut disposer d’une ligne téléphonique. Essayez de vous abonner (2). Ou écoutez les tribulations de ceux qui ont tenté l’aventure. Ensuite écoutez les interminables histoires sur les factures de téléphone. L’échec de cette opération tient à l’action de facteurs sociologiques, culturels et techniques profonds. Le ministère des télécommunications pourra toujours supplier les banques de relancer sa campagne de charme, passer par les autres ministères ou les œuvres sociales, si ces facteurs restent inchangés, il obtiendra le même échec.

M. B.

1- Là j'ai commis une erreur. On ne demande pas d'assurance vie pour des prêts à milliards mais on la demande pour un prêt-voiture ou un prêt immobilier. 

2- Cette question d'abonnement téléphonique est aujourd’hui réglée. C'est uen question d'heures pour avoir la ligne et l'appareil installé.  

Réponse à cette remarque.  Aujourd'hui 20 mars 2018, à 20h 40, un lecteur m'informe que ce n'est pas le cas partout. Je vous  fais copie de son message :   "Concernant la remarque 2 : à Dellys, j'attends, depuis une année, une ligne téléphonique pour me connecter à l'ADSL. Toutefois, je n'ai pas encore atteint le point où, en plein rêve, je chanterai : "T'es où, Bouygue Telecom...".

A tizi, il y a quelques année, la qittance d'électricité n'a pas été suffisante. Ils m'ont demandé un certificat de résidence.

A Dellys, le quartier où je réside n'a pas fait partie du programme annuel d'extension et c'estbien parti pour être le cas cette année also.

Dans cet article, dites  "qu'il ne pleut que là où c'est mouillé".

Source : https://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/04/13/article.php?sid=36951&cid=3